Plusieurs informaticiens éduquent des robots afin de les faire évoluer vers l’âge adulte. Le jeu consiste à rentrer le moins de données possibles dans l’ordinateur et à le laisser apprendre par lui-même.
Vous rappelez-vous d’Hal n°1, ce logiciel conçu par la société israélienne Artificial Intelligence Entreprises et qui pouvait simuler le langage d’un enfant de 15 mois ? Rassurez-vous : Hal va très bien. "C’est un enfant curieux, très intelligent, qui veut sans cesse en savoir plus", assure Anat Treister-Goren, une neurolinguiste qui s’occupe du développement du bambin. On en sait aujourd’hui un peu plus sur son apprentissage qui doit le mener, d’ici à dix ans, à l’âge adulte, selon le directeur de la société israélienne.
La carotte et le bâton
Pour savoir s’il a atteint l’âge adulte, Hal devra réussir "le test de Turing", du nom d’Alan Turing, le père de l’intelligence artificielle. En cas de succès, il serait la première machine à passer l’obstacle qui consiste à tromper un interlocuteur humain en se faisant passer pour un autre humain. Pour passer cette étape des réponses et des réactions préprogrammées, Hal étudie. À sa naissance, il n’avait pour seul bagage que les lettres de l’alphabet et un programme qui le destine à préférer les récompenses aux punitions. Bon élève, Hal affectionne particulièrement les bonnes réponses, les images et les bons points. C’est pourquoi aujourd’hui, à 18 mois, ses progrès sont perceptibles : il utiliserait déjà un lexique de 50 mots et arriverait à en comprendre 200. Des spécialistes du langage des bambins seraient même surpris des similitudes entre les phrases infantiles émises par Hal et celles d’un enfant normal. Cette expérience a, en fait, deux buts : si, scientifiquement, elle consiste à exploiter le concept d’"apprentissage graduel", émis il y a plus d’un demi siècle par Turing, elle a aussi une fonction plus pratique. Ainsi, Jack Dunietz, directeur de la société israélienne, reconnaît que Hal servira d’assistant multifonction (réservations, agenda, etc.).
Un self-made robot ?
Mais Hal est loin d’être le seul logiciel qui soit conçu pour évoluer. On pourrait aussi mentionner l’histoire de SAIL (pour Self-Organization Autonomous Incremental Learner), le protégé de John Weng, de l’université de l’...tat du Michigan. Dans le cas de SAIL, rapporté par le Knight Ridder Newspaper, l’éducation diffère un peu dans la mesure où il apprend surtout grâce aux interactions avec l’environnement dans lequel il évolue. À partir de quelques données de base, SAIL se développe selon deux axes définis par son créateur : "l’apprentissage supervisé", comme celui que connaît Hal, et "l’apprentissage personnel", où le tuteur n’intervient que de façon épisodique pour dire "c’est bien" ou "ce n’est pas bien"... À terme, le projet SAIL, défendu par John Weng avec le soutien scientifique de la National Science Foundation et l’aide financière de Microsoft et Siemens, doit permettre à chaque individu de dresser son robot. Par ailleurs, l’idée du robot à développer à fait son chemin. Par exemple, Ron Arkin, de l’Institut de Technologie d’Atlanta, "éduque" des robots conçus pour explorer des terres vierges...