1er/08/2001 • 18h18
Le gourou du mois - L´avocat des petits du Net
archmag16
Connecté de la première heure, Olivier Iteanu est un avocat « franc-tireur » qui défend souvent la cause des internautes anonymes.
« Halte au juridisme ! » Dans un cabinet d’avocats, ce sont des propos qu’on n’entend pas souvent. Mais chez Olivier Iteanu, le spécialiste des noms de domaine sur Internet, rien n’est tout à fait conventionnel. Le décor, d’abord : l’appartement bourgeois de la rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, a été repeint en jaune citron, noir, et aluminium. Le maître des lieux, ensuite : à 39 ans, l’illustre « président du chapitre français de l’ISOC » (l’Internet Society), tignasse crépue et petite taille, parle sans affectation, librement. Il est rare qu’un avocat se plaigne de la complexification du droit, qui est, après tout, son gagne-pain. « Plus on est précis et technique, affirme-t-il, moins on a de sécurité juridique, contrairement à ce que pensent les gens. Tenez, le décret de mars sur la signature électronique : personne n’y comprend rien tellement c’est compliqué. Les meilleurs textes de notre droit tiennent en une ligne. » S’il préfère la loi aux règlements techniques pour gérer la société, c’est sans doute parce qu’elle protège mieux les « petits ». Olivier Iteanu a passé douze ans à défendre les développeurs indépendants de l’industrie informatique : « J’ai vécu la démarche des start-ups depuis 1989. Le même vent de folie soufflait alors, à plus petite échelle, dans la micro. » Sur Internet, rebelote. Il prend fait et cause pour le héros des internautes anonymes, l’hébergeur Valentin Lacambre, puis il défend la nouvelle entreprise de ce dernier, Gandi, dans l’affaire Jeboycottedanone. Il s’engage aussi, avec d’autres juristes franc-tireurs de l’ISOC, contre l’instauration de brevets logiciels en Europe. Ce qui ne l’empêche pas de travailler pour L’Oréal, une multinationale qui représente à elle seule 15 % de la jurisprudence française en noms de domaine. Il reconnaît que les litiges se terminent un peu trop souvent par un avantage aux marques, mais cela ne lui paraît pas être le problème central aujourd’hui : « Ces problèmes préfigurent surtout ce qui va se passer en droit des marques. Comme notre patrimoine terminologique est limité, les défenseurs de ces droits vont bientôt se trouver en difficulté. » Et les marques s’entre-déchirer. La revanche des internautes anonymes ?
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