27/03/2000 • 20h33
Bill et la politique des petits pas
L’ultime manœuvre de Microsoft pour un règlement à l’amiable semble en passe d’échouer, faute de concessions suffisantes.
Microsoft a le goût et les pratiques du monopole. Microsoft écrase déloyalement la concurrence. Microsoft prend les internautes en otage... Vous avez aimé le "finding of facts" du juge Thomas Penfield Jackson, en novembre dernier ? Vous en reprendrez bien pour cinq ou six ans ! En effet, les péripéties du procès antitrust engagé par le département de la Justice et 19 ...tats américains semblent devoir se poursuivre pendant quelques années, de cour d’appel en cour suprême.
Le géant de Redmond a annoncé la semaine dernière sa volonté de parvenir à un règlement à l’amiable. Mais ses concessions ne suffiraient pas à passer l’éponge sur 18 mois de procédure judiciaire, selon la presse américaine.
Que propose Bill ?
1. D’uniformiser le prix des licences Windows accordées aux constructeurs et aux vendeurs de matériel informatique.
En effet, le système d’exploitation est facturé à la tête du client, dans la plus grande opacité. Mais cette reculade de Microsoft sent le réchauffé : son principe a été admis précédemment, au cours d’autres négociations.
2. De séparer les fonctions de navigation Internet et le système d’exploitation de l’ordinateur.
Windows équipe neuf PC sur dix dans le monde. Son couplage avec Internet Explorer, ou "bundling", est à l’origine du procès antitrust. Netscape avait fait les frais de cette politique du rouleau compresseur. Mais s’il désolidarise les deux logiciels au plan technique, Microsoft est-il vraiment prêt à vendre Windows sans Explorer ? Cela n’est pas précisé. Le géant du logiciel est d’accord pour que le gouvernement fourre son nez dans ses pratiques commerciales, mais pas pour qu’il décide quelles fonctions ajouter à son système d’exploitation.
3. De livrer certains des secrets de Windows.
Kézako ? Krosoft serait-il tombé dans le chaudron de l’open source ? Difficile de croire une chose pareille : s’il y a bien une entreprise avec laquelle le logiciel libre ne passe pas, c’est bien celle-là. Comme on lui a mis le couteau sous la gorge, en lui faisant comprendre qu’il avait le choix entre ouvrir son code ou voir sa société éclater en plusieurs entités, Bill Gates fait courir la rumeur que le code de Windows sera révélé à la face du monde. En fait, il s’agirait plutôt de parachutages de petits bouts de programme en phase de test.
A priori, le juge Thomas Penfield Jackson va donc pouvoir prononcer son verdict - sévère pour Microsoft. Aux dernières nouvelles, la sentence devrait tomber mardi. Et le procès reprendra de plus belle en cour d’appel.
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