Après les logiciels open source, voici les encyclopédies ouvertes et contributives. Deux projets, renouant avec l’idéal des Lumières et reposant sur la puissance du Web, viennent en effet de voir le jour.
La force d’Internet ne se résume pas à faire ses courses en ligne ou à jouer à EverQuest en réseau. C’est ce que trois organismes francophones tentent de faire comprendre aux jeunes québecois (voire français) en lançant un projet d’encyclopédie virtuelle, baptisé "Encyclo". Conçu pour les 7-18 ans, il vise à "encourager les jeunes francophones à contribuer au développement de contenus de langue française sur les inforoutes". Destinée à devenir "l’outil de référence incontournable pour le milieu scolaire francophone", l’Encyclo fait appel aux enseignants, animateurs et autres "facilitateurs" pour inciter, dans le cadre de projets pédagogiques, les jeunes internautes à rédiger des articles. Des primes (logiciels et matériels informatiques) sont également prévues pour motiver les troupes. Autre atout de l’Encyclo : depuis mars 1999, Rescol (Réseau scolaire canadien), partenaire de ce projet, a connecté toutes les écoles et les bibliothèques publiques du pays à l’autoroute de l’information.
1800 contributeurs pour Nupedia
Toujours Outre Atlantique mais plus au sud, un autre projet, lui aussi sur le mode "ouvert", ambitionne de créer "l’encyclopédie la plus globale de toute l’histoire de l’humanité". Lancée début mars par de jeunes universitaires américains, Nupedia se veut plus performant que Britannica , désormais accessible gratuitement en ligne, grâce à l’utilisation de l’hypertexte et de la technologie XML. Anglophone pour l’instant, le projet est une extension de bomis.com qui, comme webring.com, fédère des sites autour de thématiques.
En deux mois, Nupedia a déjà attiré plus de 1800 contributeurs en son site. L’idée est de créer une encyclopédie en ligne évolutive à l’infini et "libre", comme on parle de logiciel libre. Il sera donc possible de la reprendre, en tout ou partie, à condition de citer sa provenance. Reste à savoir si l’idéal communautaire survivra au succès. Des annuaires de sites comme dmoz.org ou Internet Movie Database étaient eux aussi basés sur les contributions des internautes. Ce qui ne les pas empêchés d’être revendus. Au profit de quelques-uns.
Quant à Webencyclo, l’extension Web des Editions Atlas, lancée en décembre
dernier, on notera qu’un bandeau de pub (placé en tête de la page d’accueil)
invite les internautes à participer à " la première encyclopédie
contributive "... Hélas, il faut, dès le premier clic, s’inscrire dans le
fichier client, puis accepter de céder tous ses droits à l’éditeur, tout en
endossant la responsabilité pénale et civile à l’égard des tiers (et de
Webencyclo) en cas de litige... Ou comment transformer l’esprit du logiciel "
libre " en fourre-tout publicitaire.