D’ici là, selon Washington, les émissions mondiales de CO2 progresseront de 60 %. Et Kyoto n’y changera pas grand-chose
La consommation mondiale de pétrole devrait augmenter de 54 % d’ici à 2025, passant de 77 à 119 millions de barils par jour, selon le rapport prospectif annuel de l’Energy information administration (EIA), un bureau d’étude statistique rattaché au ministère de l’Energie américain. Ce rapport renforce la vraisemblance des scénarii les plus pessimistes en matière de réchauffement climatique.
En 2025, selon l’EIA, le pétrole sera toujours la première source d’énergie de l’humanité. D’ici au prochain quart de siècle, l’or noir devrait se maintenir à son niveau actuel de 38 % de la consommation énergétique mondiale, qui elle-même progressera de 58 % pendant la même période.
L’Asie, et en particulier l’Inde, la Chine et la Corée du Sud, seront les principaux responsables de cette forte progression de la demande d’énergie. Ces pays, qui connaissent tous une forte croissance économique, sont peu suceptibles faire massivement appel à des sources d’énergie renouvelables.
Selon les experts du gouvernement américain, 59 % des émissions supplémentaires de CO2 d’ici à 2025 viendront des pays en développement. Le rapport de l’EIA annonce : "Le maintien d’une très forte dépendance des pays en développement vis-à-vis des sources d’énergies fossiles rend plus que probable une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre, quels que soient les efforts que consentiront les pays industrialisés."
Le scénario de l’EIA prévoit une multiplication par deux de la consommation de gaz naturel, une autre source d’énergie fossile un peu moins émettrice de C02 que le pétrole. La part du gaz naturel dans la consommation énergétique devrait passer de 22 à 25 %.
Pessimisme réaliste
L’EIA souligne par ailleurs un déclin de l’énergie nucléaire, de 19 % à 12 % de la production électrique mondiale. L’énergie nucléaire n’émet pratiquement pas de gaz à effet de serre.
Quant aux sources d’énergies renouvelables, l’EIA ne prévoit pas d’augmentation significative de leur rôle au niveau mondial. Leur part dans la consommation énergétique ne devrait pas dépasser les 8 % actuels.
L’EIA présente son rapport comme une "évaluation réaliste", qui tient compte aussi bien des politiques mises en oeuvre que des évolutions constatées dans la demande énergétique. Les conclusions "réalistes" de l’EIA en matière de gaz à effet de serre ne sont guère réjouissantes.
Les émissions mondiales de CO2, principales responsables du réchauffement climatique, devraient passer de 6,5 milliards tonnes par an en 2001 à 7,7 milliards en 2010, puis à 10,4 milliards en 2025, soit une augmentation de 60 %.
10 milliards de tonnes, c’est le chiffre-repère que donne le scénario climatique le plus pessimiste du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). A ceci près que le rapport du Pnud, publié en 2000, ne prévoyait pas que le monde atteidrait les 10 milliards de tonnes de CO2 par an avant... 2050. Le réchauffement de la planète pourrait donc être beaucoup plus rapide que prévu.
"Annual energy outlook 2003 with projections to 2025", le rapport de l’EIA:
http://www.eia.doe.gov/oiaf/aeo/ind...
"World Energy Assessment", le site du rapport du PNUD:
http://www.undp.org/seed/eap/activi...