Ce responsable du PNUD détaille comment, grâce aux Nations unies, les Afghanes lèvent le voile sur les technologies de l’information
L’université de Kaboul (Afghanistan) a délivré en avril ses premiers diplômes en technologies de l’information. Lancée en octobre 2002, cette formation, fruit d’un partenariat entre la fac, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’américain Cisco, spécialiste des solutions réseaux pour internet, vise à fournir du personnel qualifié à un pays exsangue après 20 ans de guerre.
La première session de cette initiative publique et privée baptisée "Cisco networking academy accueillait 17 élèves : 11 hommes et 6 femmes. Une mixité impensable sous le régime des Talibans.
Trois autres classes seront bientôt ouvertes, dont l’une, entièrement féminine, sera dirigée par une enseignante. L’objectif est de diplômer 200 étudiants d’ici à la fin de l’année 2003. Marc Lepage, chef de projet au PNUD, en charge du développement des technologies de l’information et de la communication, revient sur les objectifs de cette initiative.
Comment s’est passé le recrutement de ces élèves ?
Tous ces étudiants font partie du département informatique de l’université de Kaboul. Avant que nous ne mettions ce programme en route, le département n’avait pas d’ordinateurs... La programmation s’étudiait sur papier et le cours de sécurité informatique se résumait à débrancher son ordinateur après l’avoir éteint.
Quels débouchés pour ces diplômés afghans ?
La demande sur place est énorme. Deux fournisseurs d’accès à internet fonctionnent déjà et plusieurs autres préparent leur lancement. Le gouvernement dispose d’un réseau important, dont la maintenance est assurée la Banque mondiale... depuis Washington. Plusieurs organisations internationales mettent en place des réseaux conséquents. Certains diplômés ont déjà reçu des offres d’emploi. De plus, la certification est internationale : ceux qui sont tentés par l’aventure peuvent aller voir ailleurs, même si nous essayons de limiter le "brain drain", la fuite des cerveaux, par des stages locaux afin de les ancrer dans l’industrie naissante.
Quel est le budget de ce programme ?
A peu près 100 000 dollars (90 000 euros). Les frais initiaux, importants, ont été assumés à 80 % par Cisco et à 20 % par le PNUD. D’autres classes vont être rapidement mises en place : au ministère de la Condition féminine, en partenariat avec l’Institut national des télécoms, et dans plusieurs mois à Herat [ouest du pays, Ndlr] et dans d’autres provinces.
Pourquoi vouloir créer des classes exclusivement féminines ?
Les classes existantes sont mixtes, car l’université est mixte. Mais nous voulons offrir aussi des classes pour des femmes qui ne sont pas étudiantes. Comme ces dernières ont souvent moins l’habitude de se méler aux hommes, il leur est plus confortable d’être entre elles.
La page du PNUD pour l’Afghanistan:
http://www.undp.org/afghanistan
Le communiqué concernant la Cisco Networking Academy (UNDP):
http://www.undp.org/dpa/frontpagear...
Cisco Systems:
http://www.cisco.com
Le programme de la Cisco Networking Academy:
http://cisco.netacad.net/public/ind...