Le gouvernement américain vient d’annoncer qu’il rejetait l’arrangement proposé par Microsoft pour éviter le démembrement. En attendant la prochaine audience du 24 mai, la firme de Seattle tente de rallier l’opinion publique à sa cause par un intense lobbying.
Le dialogue de sourds continue dans le procès Microsoft. Le ministre américain de la Justice a répondu, dans un document de 70 pages publié mercredi 17 mai, que les contre-propositions de la firme de Bill Gates visant à empêcher le démantèlement de la compagnie en deux entités distinctes (lire Microsoft tous pour un) "ne sont ni sincères, ni raisonnables". Un avis, semble-t-il, partagé par un groupe d’économistes indépendants qui vont jusqu’à proposer la scission de Microsoft en quatre entités et non deux : trois entreprises fabriquant trois systèmes d’exploitation concurrents et une société développant les applications de type Office. Tous attendent maintenant la prochaine audience fixée au 24 mai où le juge Jackson examinera alors les arrangements proposés par les diverses parties.
"Devoir civique"
D’ici là, le géant de Redmond va tenter de contre-attaquer en orchestrant une intense campagne de lobbying politico-économique. Ainsi, selon un article du Washington Post, Microsoft aurait déjà distribué près de 2,6 millions de dollars aux partis républicain et démocrate pour la campagne présidentielle 1999/2000. Somme que l’on peut presque doubler si l’on compte les deux millions de dollars généreusement alloués aux staffs des deux partis sous forme de logiciels et matériels informatiques divers. "Un devoir civique", selon le porte-parole de Microsoft... Un haut responsable du parti démocrate a en tout cas récemment émis des réserves sur la modernité d’une loi antitrust à l’époque de la Net économie.
Don à une association "poujadiste"
Ce doit être également son engagement citoyen qui a poussé Microsoft à verser quelque 750 000 dollars au profit d’associations, cercles de réflexion et autres fondations non gouvernementales qui, quelque temps plus tard... ont contesté le bien-fondé du procès antitrust anti-Microsoft. D’après un article du Wall Street Journal, 201 000 dollars de ces fonds ont été gracieusement attribués à une association conservatrice, la National Taxpayers Union. Cette association, que l’on qualifierait en France de poujadiste, s’est récemment fait connaître par ses attaques répétées contre l’avocat général du fameux procès : elle l’accusait d’avoir fait perdre près de 38 millions de dollars aux fonds de retraite des pompiers, policiers et professeurs, suite à la chute du cours de l’action Microsoft provoquée par l’arrêt du juge Jackson.
La Maison Blanche ne semble pas s’émouvoir des manœuvres Microsoft : l’affaire se juge devant une cour de justice et non devant l’opinion publique.