Première interview en tant que ministre, première gaffe : Roselyne Bachelot, ministre de l’environnement, n’a pas perdu beaucoup de temps pour commettre une bourde. En déclarant mardi dernier sur les ondes de France Inter que le nucléaire était "l’énergie la moins polluante", elle a réussi à attiser la colère de l’ensemble des opposants au nucléaire, en avançant des arguments pour le moins peu convaincants. Parmi tous ceux qui ont élevé la voix après un tel discours, le réseau
sortir du nucléaire
a publié, sur son site, un communiqué critiquant les propos "ahurissants" de Madame Bachelot. Quelques précisions avec Pascal Braud, porte parole du réseau sortir du nucléaire.
Comment Roselyne Bachelot a-t-elle pu tenir de tels propos ?
Il y a deux explications possibles. Soit elle ne connaissait pas bien le dossier, et elle n’a sorti qu’une série de poncifs ; soit elle prépare la mise en place d’un programme centré sur le nucléaire, et elle essaie de convaincre une partie de l’opinion publique qui ne pourra que croire les paroles d’un ministre.
Roselyne Bachelot connaît pourtant les problèmes de pollution provoqués par cette énergie, puisqu’elle a autrefois manifesté contre l’enfouissement des déchets nucléaires...
C’est vrai. Elle a même déclaré, lorsqu’elle a été nommée ministre de l’environnement, "je n’ai qu’un défaut sur ce dossier, je le connais très bien". Mais on peut considérer qu’il y a deux phases chez les ministres : avant le pouvoir, et après le pouvoir. Dominique Voynet a bien manifesté contre les OGM à plusieurs reprises avant d’être ministre...
Après de telles déclarations, à quelle sorte de politique énergétique peut-on s’attendre si le RPR reste au gouvernement ?
Le programme du RPR est très clair. Il prévoit la construction de nouveaux réacteurs avant la fin de l’année 2002. Le gouvernement va bientôt mettre à l’ordre du jour la construction d’un nouveau type de réacteur. Conçu conjointement par Framatome et Siemens, ce réacteur franco-allemand est destiné à l’exportation. Mais avant de pouvoir le vendre, il va falloir construire un prototype. Plusieurs lieux sont envisagés en France : soit à côté d’une centrale nucléaire déjà en place, soit sur un terrain vierge, situé entre Nantes et Saint Nazaire. Cet emplacement avait été retenu sous le précédent gouvernement en 1997, mais Jospin avait abandonné le projet. Une autre solution consiste à le construire à l’étranger : le gouvernement finlandais s’est montré intéressé. Tout comme de "grandes démocraties" telles que la Chine ou la Corée du Nord...Il faut de toute façon s’attendre à une politique très "pro-nucléaire".