Privaterra veut mettre la technologie au service des organisations travaillant sur les droits de l’homme. Mais pas n’importe quelle technologie : le cryptage, et tout ce qui peut les aider à conserver leurs informations aussi confidentielles que possible. Trois question à la directrice de ce mouvement récemment créé, Caryn Mladen.
Quand et pourquoi avez-vous créé Privaterra ?
C’était il y a moins de deux mois, en décembre 2001. Le groupe a été créé par six personnes travaillant dans le domaine de l’informatique, de l’Internet et des droits de l’homme. Nous nous sommes rencontrés lors de conférences professionnelles et via le réseau, et nous avons découvert une attitude commune face aux problèmes des technologies sur la protection de la vie privée et la sécurité.
Malgré la présentation qui en est faites par les officiels du gouvernement, qui ont une idée derrière la tête, ou par la presse à sensation, les technologies sur la protection de la vie privée et la sécurité ne sont jamais que des outils. Pour ceux qui travaillent dans le domaine des droits de l’homme, et les gens qu’ils essaient de sauver ou de protéger, conserver intègre les informations et les communications est absolument indispensable. Utiliser ces outils peut être la différence entre être capable de faire leur boulot de protection, ou ne pas pouvoir le faire. Dans certains cas, cela peut même être une question de vie ou de mort.
A ce point ?
Oui, dans certains pays, des militants ou des groupes de "justiciers" font des descentes dans les bureaux des organismes protégeant les droits de l’hommes ou au domicile de personnes y travaillant, emportant avec eux ordinateurs, dossiers et médias numériques divers. Ces mêmes groupes espionnent les individus et les organisations par du hacking simple ou en faisant pression sur les fournisseurs d’accès à Internet locaux. Sans le cryptage, les firewalls et autres technologies, toutes les informations de ces organisations humanitaires peuvent rapidement être mises à disposition de ceux qui pourraient souhaiter tuer, blesser ou influencer ces personnes que les travailleurs humanitaires tentent de protéger.
Cela peut être le dernier témoin d’un massacre, ou une personne devant témoigner sur des activités contraires aux droits de l’homme, ou simplement quelqu’un menacé car il parle trop haut...
Que pouvez-vous faire ?
Fournir les outils, et expliquer comment les utiliser convenablement. Et comme nous avons senti un véritable besoin pour du conseil d’expert dans ce domaine, que nous aimons, nous tentons de regrouper tout cela.
L’association des professionnels de l’informatique pour la responsabilité sociale (Computer Professional for Social Responsibility, CPSR) nous a offert l’hospitalité, et nous opérons donc comme un sous-projet de cette organisation. Beaucoup d’autres experts des problèmes de vie privée et de sécurité nous ont gracieusement offert leur assistance, et nous avons commencé des discussions avec des sociétés du hi-tech pour obtenir des licences à bas prix pour les organisations humanitaires avec lesquelles nous travaillons, et aussi des donations en logiciels et matériels.
Pendant que nous finalisions la création de notre mouvement, en décembre, nous avons aussi organisé notre premier atelier, pour quatre associations humanitaire, au Guatemala. Nous en préparons d’autres. Nous sommes aujourd’hui présents en Amérique du Nord, Amérique du Sud et en Europe.
Caryn Mladen est écrivain, consultante et enseignante, basée à Toronto, Canada. Juriste de formation, elle est co-auteur de cinq livres, et enseigne à l’université de Toronto.