Informaticien de formation, Bruno Schultz, 31 ans, est animateur au centre social BelleVille, à Paris. Un centre qui a intégré, dès sa création, l’outil informatique dans ses ateliers et une salle d’accès à Internet... Sa gestion s’est révélée difficile.
À quoi sert l’outil informatique dans les ateliers du centre ?
Dès la création du centre, en mai 1997, il a été prévu d’utiliser l’informatique et l’Internet. Nous disposons, aujourd’hui, de huit machines utilisées pour les ateliers d’apprentissage du français et de la vie quotidienne, l’aide à la recherche d’emploi, le soutien scolaire et l’accompagnement de projets. Les cent-cinquante familles qui fréquentent le centre (moyennant une adhésion annuelle de 120 francs) ont accès à ses services pour lesquels Internet est très utile : dans les ateliers de soutien scolaire, par exemple, les jeunes préfèrent souvent chercher des informations sur le Réseau plutôt que dans le dictionnaire. Par ailleurs, nous avons aussi des ordinateurs connectés en libre accès.
Est-ce la vocation d’un centre social de fournir des accès libres à Internet ?
La volonté du centre était surtout que les gens du quartier ne passent pas à côté du Net. En 1999, nous avons dédié quatre des ordinateurs à l’accès Internet. La salle était accessible sur rendez-vous pour les adhérents, surtout des jeunes de 10 à 28 ans. Au début, ils découvraient le Réseau : il fallait leur expliquer comment se repérer sur le Net, leur conseiller des sites. Peu à peu, les ados se sont approprié l’outil, mais cet accès libre est progressivement devenu ingérable. Les jeunes venaient pour s’échanger des objets, ils se connectaient au Réseau presque exclusivement pour chatter et draguer. On faisait la police, si bien que nous avons fini par fermer la salle et récupérer les ordinateurs pour les ateliers.
Cela veut-il dire que les accès publics dans un centre social ne sont pas viables face aux réalités de terrain ?
Si, mais avec un projet pédagogique fort et une équipe dédiée à cette activité. C’est vrai que nous avons installé des accès sans véritable organisation et on s’est très vite rendu compte qu’on n’y était pas préparé. Si l’accès libre n’est plus disponible, les jeunes du quartier peuvent toujours venir se servir du Net dans le cadre d’un projet, un départ en vacances, une aide à la recherche d’emploi, etc. Pour ceux qui veulent seulement surfer, nous leur indiquons des cybercafés peu chers qui sont plus adaptés.