Pour le défenseur des consommateurs américains, si la firme de Bill Gates est si riche, c’est pour ne pas payer d’impôts.
Bill Gates est en train de se faire un nouvel ennemi. Et pas n’importe lequel : Ralph Nader, l’homme qui a fait perdre les élections présidentielles à Al Gore (1). L’activiste le plus célèbre des Etats-Unis a en effet écrit au patron de Microsoft, la semaine dernière, en l’accusant d’essayer d’éviter de payer des impôts en ne versant pas de dividendes à ses actionnaires.
Microsoft, pour "préparer l’avenir ", n’a pas versé de dividendes à ses actionnaires depuis des années, accumulant de la trésorerie pour, selon la société, "financer son activité".
Cet argent, non considéré comme des bénéfices distribuables, ne supporte pas les mêmes taxes que s’il était libéré pour rémunérer les actionnaires. Et c’est là que Nader accuse Gates de ne pas être dans les règles. Et demande que Microsoft soit sujet à une taxe spécifique sur les "revenus accumulés".
Il faut reconnaître que Microsoft ne fait pas dans la dentelle avec une trésorerie bénéficiaire de... 36 milliards de dollars. Avec une telle manne, la société pourrait tourner plusieurs années sans vendre un seul produit.
Il faut aussi reconnaître que les principaux dirigeants de la firme n’ont aucun intérêt personnel à verser des dividendes. Quoique tous actionnaires de l’entreprise (Bill Gates le premier, avec 12% du capital), il vaut mieux pour eux conserver cet argent dans l’entreprise et que celle-ci prenne de la valeur sur le marché : fiscalement parlant, les taxes sur le revenu (dans lequel entre les dividendes distribués) sont supérieures à celles sur la vente de stock-options...
Microsoft, qui se défend de tout comportement illégal, est relativement tranquille. D’après les experts fiscalistes américains, la probabilité qu’on lui applique le texte sur les "revenus accumulés" est très faible, car celui-ci s’applique généralement plutôt à des entreprises qui dissimulent leurs bénéfices en payant des primes exorbitantes à leurs cadres, ou en achetant des yachts. Ce qui n’est pas le cas de Microsoft.
Mais le problème n’est pas que fiscal : Ralph Nader a trouvé un nouvel os. Et celui-ci s’appelle Microsoft. Pour la société, c’est un problème de plus pour 2002.
(1) En se présentant contre Al Gore et Georges Bush, Ralph Nader a pris plusieurs points sur un lectorat normalement acquis à Al Gore. Suffisamment pour le faire perdre. Ralph Nader, qui connaissait le risque de sa candidature, l’avait assumé depuis le début. Disant que Gore ou Bush, c’était la même chose, et que sa candidature parasite obligerait, dans le futur, les Démocrates à écouter ses doléances.
La lettre de Ralph Nader à Bill Gates
http://www.cptech.org/ms/rn2bg20020...
Citizen.org, fondé par Ralph Nader
http://www.citizen.org/