L’organisation américaine ACLU a eu accès aux documents techniques de gestion de la vidéosurveillance de la ville de Tampa, en Floride. Résultat ? Pas de résultat. Cela ne sert pas à grand chose. D’ailleurs la police a suspendu le système...
À quoi servent les systèmes de reconnaissance faciale, ces caméras de vidéo surveillance qui peuplent les rues de la ville de Tampa (Floride) ? Euh... à rien. Ce sont, en tout cas, les conclusions d’un rapport publié jeudi 3 janvier, par une organisation américaine de défense des libertés civiles, l’ACLU (American Civil Liberties Union).
En vertu d’une loi d’Etat (Florida open- records law), l’ACLU a pu accéder ( au bout de deux requêtes, tout de même) aux documents gardés en mémoire par la police de Tampa, pour la gestion du système de surveillance de la ville. Résultat ? À pleurer de rire si le sujet n’était pas si grave...
Le système confond les hommes et les femmes
L’histoire commence à la fin du mois de juin 2001 dans le quartier historique de Ybor City, à Tampa, sur la 7ème avenue. C’est là qu’on a installé tout un paquet de caméras vidéo. À l’autre bout du tuyau optique, la police locale et ses moniteurs vidéo. Et aussi un logiciel de reconnaissance faciale développé par une entreprise spécialisée, Visionics Corp. Pour faire court, la police de Tampa a renoncé à utiliser le système dès le 11 août dernier.... Et pourquoi donc ? parce qu’il " n’a jamais correctement identifié un seul visage dans sa base de suspect ", révèlent les documents de la police cités par l’ACLU Plus fort : il a abouti à des erreurs grossières, comme celle de réussir à confondre des images d’hommes avec des images de femmes... Quelques détails, fournis par la synthèse policière : au cours de quatre journées de juillet 2001, le système a identifié 14 suspects pouvant correspondre à des photos présentes dans la base de données. Zéro correspondance au final. Par deux fois, il s’agissait de personnes du mauvais sexe. Par trois fois, les caractéristiques physiques des individus repérés dans la rue n’avaient rien à voir en taille, en corpulence, en âge, etc..., avec celles auxquelles elles étaient censées se référer dans la base...
Aucun bénéfice sécuritaire
La dernière de ces quatre journées historiques remonte au 20 juillet 2001. Après : plus rien. Les documents de police n’attestent plus d’aucun repérage. Bizarre ? Eh bien non. Toute bizarrerie a sa petite explication. La voici : à cause du grand nombre d’erreurs, expose l’ACLU, le service de police a modifié le paramétrage de l’outil, ...Qui, du coup, n’a plus repéré âme louche qui vive sur la 7ème avenue... Il semble bien aussi, par ailleurs, que les policiers aient décidé de garder dans leur base les seuls vrais résultats positifs. Donc : personne.
Conclusion de l’ACLU ? En voici une, parmi d’autres : " La technologie ne procure aucun bénéfice sécuritaire suffisant pour justifier les dangers orwelliens qu’elle représente "