Aujourd’hui, on parle de la grosse faille de sécurité dans Windows XP. Microsoft a réagi en diffusant massivement l’information, avec le patch de correction. D’où l’intérêt de republier ce texte, écrit le 2 juillet 2001, et toujours d’actualité...
Microsoft est, une nouvelle fois, critiqué pour l’un de ses produits. Et je vous parie que Microsoft, une nouvelle fois, gagnera sur le long terme. Cette société a le culte de l’échec pour réussir.
Pas facile, comme concept, hein ? Explication : Microsoft a l’habitude de mettre régulièrement sur le marché des produits imparfaits, voire pas terminés. La liste est longue. Elle compte, dans ses exemples les plus spectaculaires, des produits comme Windows ou Explorer. Souvenez-vous du premier Windows version 1. Une catastrophe. Pourtant distribué par Microsoft dès 1985. Pendant des années, la firme de Redmond sera la risée du marché. Ou l’objet de la colère des malheureux ayant acheté le produit : une bonne partie d’entre eux égrenait de longues listes de bugs, pour démontrer à la société de logiciels l’imperfection notoire du produit. En fait, ils n’étaient pas des clients, mais des testeurs. Payants, certes, mais des testeurs.
Car, contrairement à beaucoup de sociétés qui, quand le produit n’est pas bon, le retirent de la vente, Microsoft s’obstine. Et corrige. Corrige. Corrige. Pendant tout ce temps, les clients râlent, l’image de marque en prend un coup, mais au bout de quelques années, le produit s’améliore. Et là, c’est le jackpot : le produit tient le coup, et la commercialisation peut se faire sans trop de critiques. Il a fallu attendre la version 3 de Windows pour avoir quelque chose d’à peu près stable et de fonctionnel. Et, généralement, la version 3 de tous les produits Microsoft pour que cela fonctionne correctement.
La culture de l’échec est là : Microsoft se fout de se faire allumer pendant des mois, voire des années, sur un mauvais produit. La firme continue à le vendre, et profite de l’expérience, des échecs, des clients, pour améliorer le produit. Parce qu’elle se fiche d’échouer, elle finit par réussir. Du moins commercialement.
Voilà ce que j’écrivais en juillet dernier.
Aujourd’hui, c’est Windows XP, pourtant le meilleur système d’exploitation produit par Microsoft, qui est en cause. Si on peut discuter de la méthode de Microsoft (est-ce moral de vendre des produits imparfaits ?), il ne faut pas oublier que tous les éditeurs de logiciels, ou presque, fonctionnent selon le même principe, devenu celui d’une profession. Et que, globalement, les clients l’acceptent (alors qu’ils n’accepteraient jamais qu’on leur vende une voiture avec une direction défaillante et des freins à la fiabilité non garantie). Les linuxiens diront que leur système, lui, est fiable et gratuit et ils auront raison. Mais Linux, qu’on le veuille ou non, n’est pas encore un système grand public. Les systèmes Microsoft, eux, le sont. Alors ? On ne peut espérer qu’une chose, pour la tranquillité des utilisateurs : que Microsoft n’attende plus les versions 3 pour offrir des produits fiables...