Thierry Ehrmann, directeur du groupe Serveur, interpelle les pouvoirs publics. Selon lui,l’avenir de l’Internet en France se jouera au cours du prochain mandat présidentiel. Et le rôle d’impulsion de l’Etat y sera déterminant. Il part, lui aussi, en campagne. Interview.
Outre le sondage réalisé par par le groupe Serveur qu’il dirige (lire : Les sites de campagne n’ont vraiment pas la cote), Thierry Ehrmann a décidé de partir en campagne pour interpeller les pouvoirs publics sur leur engagement au service des nouvelles technologies. Il répond aux questions de Transfert.
Pourquoi avez-vous pris l’initiative d’interpeller l’Etat ?
Nous sommes acteurs de l’Internet depuis 1987 et plutôt militants. Nous ne sommes pas une association, mais nous défendons un corps de métier. Nous défendons une profession qui croit en l’avenir de l’outil Internet et des nouvelles technologies. Ce secteur représente déjà 20% du PIB national, c’est un des secteurs qui recrute le plus, il serait temps que l’Etat s’en aperçoive. Voilà pourquoi nous lançons ce manifeste à l’intention du gouvernement. Le quinquennat qui arrive va être déterminant. C’est au cours de cette mandature que va se décider l’avenir de cette économie. Avec ce site, nous espérons contribuer à lancer un débat qui n’a toujours pas lieu. Car si les politiques légifèrent à tour de bras sur le réseau, ils restent totalement peu cultivés en matière d’Internet. Dans un premier temps, avec la mise en ligne du site, nous avons envoyé notre pétition à plus de deux millions d’entreprises. Nous allons publier régulièrement des sondages pour interpeller les candidats et accompagner la campagne, et nous lançons également une campagne d’affichage dans les médias.
L’argumentation de votre manifeste est plutôt naïve, non ?
Nous avons effectivement choisi une terminologie simple pour les lecteurs. Nous n’allions pas rentrer dans les histoires de débit, d’accès, de boucle locale, etc. Sur le site, nous avons prévu de rédiger des pages plus dédiées aux entreprises.
Vous faites reposer tous les efforts nécessaires en matière de développement des NTIC sur l’Etat, que faites-vous du secteur privé ?
Les opérateurs privés doivent évidemment accomplir des efforts, mais cela ne se fera pas sans une intervention forte de l’Etat. Toutes les révolutions industrielles ont été accompagnées par les pouvoirs publics. Seul l’Etat, par des décisions législatives et fiscales, peut inciter les entreprises à démocratiser, par exemple, l’accès au réseau.