La chancellerie fédérale allemande et les représentants des Länder se sont entendus pour circonscrire l’ouverture du Net porno entre 23 heures et 6 heures du matin.
Avouons-le, les Américains ou les Français ont cru un temps être le nombril du monde, notamment à l’occasion des jugements nationaux rendus sur l’affaire Yahoo. Ils se trompaient : c’est Berlin qui fixe l’heure mondiale sur le Net. La Fédération et les Länder sont d’accord pour appliquer en toute rigueur la loi sur la protection de la jeunesse dans les médias. Comme à la télé, les contenus porno sur le Net ne seront autorisés qu’entre 23 heures et 6 heures du matin - à moins que les sites litigieux ne présentent des dispositifs de contrôle de l’accès.
Une loi bigote
Ah, les bienheureux ! Ils imaginent que les baby-nerds dorment dans ce créneau horaire quand c’est, justement, l’heure de l’appel du clavier. Mettons cela sur le compte d’une tradition de loi sur la protection de la jeunesse " digne d’un couvent " selon le Financial Times Deutschland, et bien plus répressive que dans les pays voisins. Le quotidien, qui a révélé l’affaire, cite un porte-parole du parti FDP : " C’est trop facile de s’échauffer comme une bigote à propos des cochonneries que consomment des millions d’Allemands. "
Modalités de contrôle
Dans une lettre ouverte au directeur de cabinet de la chancellerie, Herr Steinmeier, l’hebdomadaire Der Spiegel se moque gentiment de cette loi germano-centrique : " a) il est toujours 23 heures quelque part ; b) Internet est un médium désagréablement mondial c) en Allemagne seulement, nous avons à peu près 30 émetteurs de télévision, mais 50 millions d’émetteurs Internet. Quand la DISK (autorité allemande de contrôle des émetteurs Internet) mettra en place ses quatre premiers millions de contrôleurs, ça commencera à ressembler à un boulot à plein temps. "
Au moins, on aura bien rigolé.