Une équipe de chercheurs américains est parvenue à créer le premier embryon humain cloné. Progrès scientifique ou dérive de la science ? Le débat est, plus que jamais, d’actualité.
“Notre intention n’est pas de créer des clones humains, mais des thérapies pour guérir une grande variété de maladies dont le diabète, les attaques cardiaques, le cancer, le SIDA et les maladies neuro-dégénératives comme Parkinson et Alzheimer" affirme Robert P. Lanza, Vice-Président du développement Médical et Scientifique chez Advanced Cell technology (ACT), dans un communiqué publié sur le site de cette entreprise du Massachusetts. Apparemment, ce scientifique n’envisage pas de se lancer dans le clonage humain à but "reproductif " ou commercial : il souhaite constituer des "réserves" de cellules destinées à remplacer des cellules, des tissus ou des organes défectueux chez des malades. Des réserves produites à partir de clones des patients à traiter. Dans cette optique, Robert P. Lanza vient de réussir, avec ses collègues, la création du premier embryon cloné. Mais si cette expérience n’a qu’un but thérapeutique, elle marque tout de même une étape essentielle dans un domaine où les buts des différents acteurs (scientifiques, sectes, clients potentiels) se révèlent parfois "éthiquement douteux".
De la peau à l’embryon
Après plusieurs échecs, les scientifiques d’ ACT sont parvenus à créer des clones, à partir de cellules de peau humaine. Pour mener leur expérience, les chercheurs ont fait appel à deux groupes de volontaires : le premier était constitué de 71 femmes âgées de 24 à 32 ans, en bonne santé psychologique et physiologique. Ces femmes ont reçu des injections d’hormones destinées à stimuler leur production d’ovules. Le deuxième groupe réunissait des personnes d’âges variés, pas forcément en bonne santé : leur profil correspondait à celui de personnes "susceptibles de bénéficier de ces thérapies". Les ovules du premier groupe de volontaires ont été vidées de leur noyau. Le noyau des cellules de peau prélevées sur les bénévoles du deuxième groupe, qui contenait donc le patrimoine génétique de ces donneurs, a été injecté dans ces ovules. Sur les 19 œufs que les chercheurs sont parvenus à produire en employant cette méthode, seuls 3 ont survécu plus de quelques heures. Au bout de trois jours, deux se sont divisés pour former un embryon de 4 cellules. Et un seul s’est divisé en 6 cellules.
Les législateurs en émoi
Certes, la durée de vie de ces embryons est trop courte et le nombre de cellules obtenues trop réduit pour en déduire que le clonage humain est désormais parfaitement au point. Cette expérience soulève néanmoins de vives critiques et de nombreuses interrogations. Le président américain George W. Bush, qui a notamment tenu à rappeler qu’il est "à 100 %" opposé au clonage humain, pourrait accélérer la promulgation d’une loi visant à interdire cette pratique sur le territoire des Etats-Unis. De leur côté, les Anglais, qui se sont déclarés favorables à la création d’embryons humains clonés (à condition que leur durée de vie n’excède pas 14 jours), pourraient revoir leur position. Quant à la France, elle pourrait renforcer, auprès de l’ONU, sa demande de législation internationale visant à empêcher le clonage humain.
Le site d’Avanced Cell Technology:
http://www.advancedcell.com