Maurice Khawam est directeur du fonds d’investissement, spécialisé technologies, ETF.
Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
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J’ai découvert l’Internet aux ...tats-Unis au début des années 90 avec le magazine Wired notamment. À l’époque, je vivais à Boston et les différents campus étaient alors reliés par l’Internet sans les outils simples qui existent aujourd’hui et qui l’ont démocratisé ! Au MIT [Massachussets Institute of Technology] où j’étais étudiant, je devais soumettre mes examens en temps et en heure via l’Internet !
Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
La première fois, à l’université, dans un projet qui s’appelle Athena, une initiative de l’US Army, d’IBM et des principaux opérateurs téléphoniques des ...tats-Unis. Grâce à ce programme – et à d’autres qui ont suivi – le browser a vu le jour. Je ne pensais pas qu’un programme qui s’appelait "chat" et qui était l’ancêtre du ICQ aurait autant de valeur !
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Lorsque j’ai reçu, lors d’un conseil d’administration de TravelPrice en 1999, les résultats du nombre de connexions sur le moteur de réservations. La courbe de progression dans les mois qui ont suivi n’ont pas démenti ! Le problème, à cette époque, était de réussir à compléter l’achat en paiement tant les différentes technologies étaient encore mal connues et mal maîtrisées.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Je travaillais dans un fonds où j’étais directement impliqué dans les investissements Internet. À l’époque, j’étais frustré d’avoir manqué des opportunités prometteuses faute de temps !
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Je pense que le sentiment d’euphorie procuré par le bond technologique réalisé a pris le dessus sur la rationalité économique et financière, comme ce fut le cas pour les chemins de fer ou l’automobile au début du siècle. Aujourd’hui, la volonté de devenir riche en trois mois a été remplacée par le désir de réaliser des paris industriels importants !
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Ce fut la chute brutale du Nasdaq en avril 2000 et les faillites surprises qui suivirent. L’Europe a suivi avec six mois de retard.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je suis aujourd’hui « managing director » d’ETF group en France, un fonds global qui investit dans les nouvelles technologies. Nous sommes présents en Europe, aux ...tats-Unis et en Asie et nous investissons à travers neuf bureaux de par le monde.
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Oui, je crois toujours autant au potentiel d’Internet... Mais je n’y crois pas si vous me demandez la société qui permettra un "fois 10" en douze mois ! Je pense que dans ce domaine comme dans les autres domaines, beaucoup de sociétés jeunes ne pourront pas survivre.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non-marchand ?
Je crois toujours au commerce en ligne, d’ailleurs chez ETF, nous faisons toujours nos courses sur Internet (billets d’avion, alimentation, livres...) ; je crois évidemment à l’avenir du Web média et communication.
Comment voyez-vous les années à venir ?
Je pense qu’Internet va continuer à se généraliser, et que l’e-mail, Internet sur les terminaux mobiles, vont faire partie de notre quotidien, comme ça commence à l’être aux ...tats-Unis.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la netéconomie ?
Si je ne croyais pas à la netéconomie, je ne ferais pas ce métier... La netéconomie a évolué aussi vite que l’Internet : on est passé de la découverte à la lucidité pour arriver à une convergence entre la "nouvelle" et l’ancienne économie ancrée dans tous les secteurs, sans exception. La netéconomie a simplement traversé les phases de croissance très rapidement !
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
On aura franchi un seuil quand le monde dans sa majorité se sera « internétisé ». Je pense qu’un PC, très simple, dans tous les foyers avec une connexion haut débit très économique est un objectif utile !