Une succession de faux bonds de la part des investisseurs a acculé la Web-TV. les intervenants du secteur redoutent un effet boule de neige.
C’est officiel depuis ce matin : Canalweb a déposé le bilan. La rumeur qui courait depuis quelques jours s’est avérée vraie : le tribunal de commerce de Paris a confirmé l’information. C’est une succession de faux bonds de la part des investisseurs qui a acculé la Web-TV à déposer le bilan. En juillet dernier, pourtant, Canalweb pensait avoir trouvé une poche d’air suffisante pour se maintenir jusqu’à la fin 2002, puisque les actionnaires semblaient avoir accepté de renflouer l’entreprise à hauteur de 4 millions d’euros. Las, Galileo Partners et Paribas, deux des investisseurs, se sont finalement rétractés. "Le temps joue contre nous, peste Elisabeth Many, responsable des relations presse. Allez trouver un investisseur en plein été, alors que tout le monde est en vacances et que la période est morose..."
Mariée pas suffisamment attirante
Finalement, Jacques Rosselin, le président directeur général de CanalWeb, s’était tourné vers un investisseur industriel. "Un grand groupe dans le secteur des médias européens", apprenait-on à l’époque. Mais ce dernier, dont le nom demeure mystérieux, n’a visiblement pas voulu assumer seul le renflouement de Canalweb, acculant cette dernière au dépôt de bilan. Ni "Mysexytv", le programme rose et payant de la start-up, ni les réductions d’effectifs et de moyens – la société était progressivement passée de 130 à 90 salariés – n’auront réussi à rendre la mariée suffisamment attirante auprès des investisseurs.
Effet boule de neige
"Un vent de folie a soufflé sur les Web-TV, analyse Christophe Féry, commissaire général de l’exposition Narrowcast. Les marchés ne se sont pas développés aussi vite que prévu, mais le streaming [diffusion en temps réel, ndlr] est pourtant inéluctable. Regardez le temps qu’il a fallu à la radio, ou à la télé, pour se développer... Qu’on laisse seulement dix pour cent de ce temps aux Web-TV, et vous verrez qu’elles peuvent subsister". En attendant, un administrateur judiciaire devra se pencher sur le cas de Canalweb, totalement à court d’argent, d’ici une dizaine de jours. Dans ces conditions, une liquidation judiciaire pourrait donc être prononcée très rapidement. "Cela ne veut pas dire que tout soit fini pour autant", soupire Elisabeth Many qui espère encore l’arrivée d’un "business angel qui puisse y croire". Canalweb prendra-t-elle le chemin emprunté, il y a un an, par pseudo.com, sa grande sœur américaine, qui avait fermé ses portes en septembre 2000 ? Rien n’est encore sûr. "On va tous être éclaboussés", craint en tous cas Christophe Féry, qui redoute un possible effet boule de neige sur tous les intervenants du secteur.