Pour sa deuxième édition, le Festival @rt Outsiders 2001 s’est installé à La maison européenne de la photographie, à Paris, dans le Marais. Les œuvres sont exposées jusqu’au 30 septembre.
Photographes, peintres, chorégraphes, dessinateurs de BD, plasticiens... La force du festival @rt Outsiders, dont démarre la deuxième édition, réside décidément dans la diversité des participants. Des artistes "dont le dénominateur commun est de mettre les ressources digitales au service d’une création artistique accessible à la fois sur le web et à travers la mise en scène d’installations d’œuvres dans les salles d’expositions". Sur la Toile, la visite du festival s’avère pourtant décevante : malgré l’annonce par Henri Chapier et Jean-Luc Soret, fondateurs du festival, d’une nouvelle version d’art-outsider.com, rien n’a vraiment changé. Tout juste la galerie virtuelle s’est-elle un peu étoffée. Mieux vaut donc se rendre à la Maison européenne de la photographie, dans le marais, à Paris, où les œuvres sont exposées jusqu’au 30 septembre. Petite revue de détails.
Zapping internet
La visite commence à l’entresol, avec "Web Humans", une installation de Catherine Ikam et Louis Fléri. Deux grands écrans diffusent une superposition de fenêtres de navigateurs. On reconnaît dans chacune d’elle les créatures virtuelles et autres avatars qui peuplent le Web. Annanova, Roswell ou encore le clone de Kermit la grenouille... On s’attarde sur les petites créatures japonaises, mais on se lasse un peu vite. Rien de plus qu’un zapping internet assaisonné de samples technos.
Il faut descendre les escaliers pour découvrir des œuvres surprenantes. Comme celle de Pascal Thorel. Ce détourneur de photos "réduit visuellement la réalité concrète sous forme de traces". Ses images noires et blanches ressemblent à des vagues métalliques. Quand on s’éloigne des tableaux, on distingue une bouche, un œil... Un portrait. Saisissant.
Danse avec moi
Le visiteur commence à regretter le manque d’interactivité quand, soudain, elle apparaît. Rouge, couverte d’un voile bleu, cette jolie danseuse virtuelle imaginée par Michel Bret et Marie Hélène Tramus improvise, en temps réel, une chorégraphie dès que vous passez le capteur sensoriel autour de vos reins. Faites un pas en arrière, et la voilà qui bondit, tourbillonne... Un pas chassé, elle se jette en arrière, tend ses bras vers le ciel. L’expérience est troublante. Vous la guidez sur l’écran, elle improvise. Dommage que le graphisme, un brin sommaire, rompe parfois le charme de cette danse, à mi-chemin entre réel et virtuel.
Faites un vœu. Sur l’écran de l’iMac, une ombelle de pissenlit, sobrement dessinée d’un trait blanc sur fond noir. Edmond Couchot et Michel Bret vous proposent de souffler sur le bas de l’écran. Hop, les petites graines s’envolent en silence, et retombent doucement. On peut recommencer l’expérience avec une plume, qui monte, descend, virevolte selon la force de votre souffle. C’est court, mais réjouissant.
Marcher sur des lemmings
Dans une salle toute noire, Onno Baudoin vous propose de rentrer dans un ordinateur. Et oui, regardez l’écran au fond : la silhouette toute verte, c’est vous. Vous êtes le héros virtuel qui doit aider les lemmings, petits personnages tout bleus, à trouver la sortie du labyrinthe. Attention ! là, vous marchez dessus, ils deviennent tout rouges. Bon, si vous avez décidé d’être un exterminateur...
Se retrouver derrière une souris, c’est tout de suite moins amusant, plus ordinaire. Marie-Hélène Tramus et Michel Bret vous proposent de devenir chorégraphe. Un personnage danse sur l’écran, vous devez cliquer sur une partie de son corps et un nouveau danseur "pousse" à cet endroit. À chaque clic, un nouveau personnage apparaît et exécute une figure. Jusqu’à "constituer une arborescence animée composée de tous ces corps". Vous êtes maître de ce ballet informatique.
Roue libre
Le clou du spectacle. Grimpez sur la bicyclette de Rob White. Oui, la selle est un peu dure, elle est d’époque. On commence par un coup de sonnette. L’écran s’allume. Un petit coup de frein, et vous choisissez sur la carte la ville où vous voulez pédaler. En trois coups de pédale, vous voilà projeté sur la jetée de Saint Sébastien en Espagne. En roue libre, l’image du film ralentit, jusqu’à devenir complètement floue. L’auteur du projet s’est inspiré d’un manuscrit de 1909, rédigé par son grand-père durant son voyage à vélo de l’Angleterre en Espagne, à travers la France et les Pyrénées. Sur les petits sentiers de Mimizan, on a presque envie de siffloter.
Le festival @rt Outsider propose aussi un cycle de conférences sur l’art et les nouvelles technologies les samedis de 15 h à 17 h et de 17 h à 19 h.