"J’étais choqué, mais pas surpris. Les spammers ont pour habitude de tirer parti de l’actualité", explique Tom Geller, responsable de la SpamCon Foundation, une organisation californienne de lutte contre la prolifération du spamming. Quelques heures seulement après les attaques contre les tours du World Trade Center, à New York, des mails conçus pour tirer profit du traumatisme américain ont commencé à circuler. Tom Geller, lui, s’est rapidement branché sur les réseaux et a suivi à la loupe l’apparition de spams liés aux attentats. Il le raconte dans un éditorial publié sur le site de la SpamCon Foundation. "Quelques heures après les attentats, Usenet regorgeait déjà de spams assurant : Pas de terroristes ici ! Rejoignez notre site porno, éteignez votre télévision, cessez de regarder la merde qui se déroule aux ...tats-Unis et rejoignez notre site gratuit." Plus inquiétant, la SpamCon Foundation a recensé plusieurs cas de mails non sollicités jouant sur la fibre patriotique américaine et invitant les internautes à mettre la main à la poche. Des appels à la générosité qui s’avèrent parfois très douteux.

Liste sûre

"Très vite après les attentats sont apparus des mails invitant les gens à effectuer des dons à la Croix-Rouge, par le biais d’un serveur web basé en Chine. Les informations pour contacter le site étaient fausses", poursuit Tom Geller. La SpamCon Foundation et Cauce (Coalition against unsolicited commercial e-mail) ont d’ailleurs très vite alerté l’opinion publique sur l’existence de ces pratiques et le FBI a d’ailleurs promis d’ouvrir une enquête. Un mail proposait, par exemple, une version piratée de la suite logicielle Microsoft Office XP pour environ 30 dollars. En promettant, bien entendu, de reverser un dollar à la Croix-Rouge américaine sur chaque vente. Principale victime de ces arnaques, l’organisation humanitaire se préoccupe du fait que "de faux sites de la Croix-Rouge et des campagnes de mail détournant les dons vers des sites non autorisés par l’organisation ont commencé à apparaître". Et tient à rappeler que seules cinq sociétés sont habilitées à récolter des fonds en ligne pour la Red Cross : AOL, Amazon, PayPal.com, Wells Fargo Bank et Yahoo. D’autres, comme le magazine Forbes, ont publié sur Internet une liste de sites d’organisations caritatives sur lesquels les Américains pouvaient effectuer, sans crainte d’être trompé, des dons en ligne. Hier, Georges Bush encourageait, depuis les jardins de la Maison-Blanche, les Américains à "continuer d’effectuer des dons sur les sites Internet". Lors de son intervention, le président américain a également chiffré à 57 millions de dollars le montant des dons effectués en ligne depuis les attentats. De quoi évidemment susciter des vocations d’arnaqueur...