Une centaine de gamins immatures annoncent qu’ils vont s’attaquer, via Internet, aux pays soutenant le terrorisme.
Que peut-on faire face à la tragédie du 11 septembre quand on a quinze ans et que l’on croit dominer le monde parce que l’on sait lancer un "exploit" sur un serveur ? Une solution est de hacker quelques sites pour crier sa colère. L’autre est d’apporter son aide physique aux secours si tant est que cela soit possible. Visiblement, une centaine (selon leurs propres chiffres) de gamins ont annoncé, selon l’AFP, qu’ils s’étaient regroupés "pour attaquer le réseau internet et d’autres systèmes de communications des pays soupçonnés d’abriter des terroristes". "Le groupe, qui s’est donné le nom de "Dispatchers", précise qu’il attaquera d’abord l’Afghanistan", souligne l’agence. Bravo. Très constructif... Pour mémoire, il y a des précédents. En janvier 1999, le groupe Legion of the Underground (LoU) annonçait qu’il déclarait la guerre à la Chine. Très vite, la communauté des hackers prend la mouche et lance un appel général à la condamnation des agissements du groupe LoU. Parmi les signataires, les groupes comme L0pht, le Chaos Computer Club, Cult of the Dead Cow... Tous s’opposent à "l’infowar". La guerre de l’information. Les auteurs de l’appel soulignaient alors que l’on ne peut pas attendre une libéralisation d’un pays si on le force à se replier sur lui-même, en le privant de toute infrastructure lui permettant d’avoir accès au reste du monde (ondes, journaux, Internet).
Les vrais réseaux sont inaccessibles
Le problème, c’est que l’action de ces gamins - même si l’on fait abstraction de l’aspect "porosité aux idées démocratiques" généré par Internet - ne sert strictement à rien. Avant tout, il faut comprendre que le piratage d’un site web (je mets un gros graffiti sur la page d’accueil avec "mort aux méchants islamistes intégristes") est la plupart du temps d’une simplicité déconcertante. Il suffit généralement d’appuyer sur la touche "enter" de n’importe quel ordinateur... Passons. Surtout, ces actions ne mènent à rien. Car le site web en question ne contient rien, n’est relié à rien d’essentiel et ce piratage ne modifie en rien (ni en bien ni en mal) la vie de qui que ce soit. Les vrais réseaux de communication sont, la plupart du temps, propriétaires et inaccessibles pour ces jeunes bébés Cadum. Les quelques groupes de hackers qui pourraient couper du cyber-monde des pays entiers de manière définitive (pas simplement lancer un Denial of Service sur quelques sites) n’ont soit pas la culture politique nécessaire pour un tel "engagement", soit sont opposés à de telles pratiques. Nos script kiddies, regroupés sur le nom de Dispatchers vont donc passer quelques nuits à scanner les classes d’adresses (ça risque d’aller vite vu les pays choisis et le développement d’Internet en ces régions...) et à pirater un pauvre site sous IIS comme ce fut récemment le cas de www.taleban.com .