Lockheed Martin, l’un des leaders américains du business de la répression, contrôlait les caméras de vidéosurveillance de San Diego. Et délivrait elle-même les contredanses. Un juge vient de condamner le procédé.
On voit rarement apparaître au grand jour les collusions existant entre forces de police et sociétés privées spécialisées dans le maintien de l’ordre. Il est encore plus rare qu’une société privée soit condamnée pour avoir corrompu le processus de répression, et en avoir tiré profit. Ronald Styn, un juge de San Diego, vient de déclarer illégales les amendes délivrées grâce aux preuves fournies par les caméras de vidéosurveillance installées aux feux rouges de la ville. Deux cent quatre-vingt dix propriétaires de voitures avaient en effet porté plainte, leur avocat allant même jusqu’à demander le remboursement des amendes payées par 100 000 automobilistes. Le juge leur a donné raison en déclarant que l’on ne pouvait faire confiance aux caméras, selon une loi qui interdit aux sociétés privées de contrôler un programme de maintien de l’ordre.
Millions de dollars de revenus
En effet, les caméras n’étaient pas placées sous le contrôle des forces de police, mais installées et maintenues par Lockheed Martin, l’une des principales sociétés du complexe militaro-industriel américain, qui décidait elle-même de mettre à l’amende les automobilistes. En contrepartie, la société recevait pour toute rémunération 70 des 271 dollars de l’amende ( 500 francs sur 2000), ce qui représentait au final des dizaines de millions de dollars de revenus. Pour l’avocat, l’objectif de Lockheed Martin était donc de faire payer autant d’automobilistes que possible. Le juge lui a donné raison en obligeant à la ville de San Diego à ne plus utiliser ces caméras, ce qu’elle avait d’ailleurs d’ores et déjà décidé de peur du scandale. Lockheed Martin, par contre, n’a pas été condamné...
Judge dismisses 290 red light camera tickets in San Diego:
http://www.politechbot.com/p-02466.html