Pour éviter les effets néfastes des pesticides, des chercheurs tentent de les remplacer par des produits naturels, capables de développer le système immunitaire des plantes.
Comment se débarrasser des pesticides ? Comment protéger les récoltes des parasites sans provoquer d’effets toxiques sur l’environnement et la santé humaine ? Parmi les alternatives étudiées par les chercheurs, certaines ont pour but non pas de combattre les maladies ou les insectes, mais d’augmenter les défenses immunitaires des plantes à protéger. C’est la méthode employée par Messenger, un pesticide non-toxique mis au point par Eden Bioscience, une société américaine basée à Washington.
Artichauts, melons, fraises
"Les systèmes de protection des plantes basés sur le développement de leurs défenses immunitaires constituent une piste de recherche étudiée par de nombreux laboratoires et plusieurs entreprises, explique Pierre Leroux, directeur du département santé des plantes et environnement à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique). Certains procédés sont basés sur des produits chimiques, d’autres sur des produits naturels." C’est le cas de Messenger, créé à partir d’une protéine, la harpine, qui stimule à la fois le système de défense de la plante, mais aussi son développement. Selon le magazine Wired, Messenger aurait notamment permis de tripler la taille d’artichauts et de doubler le volume de melons d’eau... Actuellement commercialisé pour la culture des fraises, ce produit présente aussi l’avantage de s’auto-éliminer de façon naturelle, notamment sous les effets de la pluie ou du soleil. Mais Messenger ne s’applique pas à toutes les cultures, et des tests ont prouvé que les résultats varient d’une année à l’autre. De plus, cette méthode ne remplace pas complètement l’utilisation de pesticides, même si elle stimule des mécanismes qui se révèlent actifs contre une grande variété d’éléments pathogènes.
"On sait que la harpine est efficace, mais il existe d’autres moyens de stimuler les mécanismes de résistance des plantes", affirme Christian Boucher, directeur de recherche au laboratoire de biologie moléculaire des interactions plantes microorganismes à l’INRA. On peut le faire avec des peptides ou d’autres protéines par exemple." Connus depuis plusieurs années, ces mécanismes de défense et la façon dont ils se régulent sont de mieux en mieux compris par les spécialistes de la résistance des plantes. Les chercheurs de l’INRA tentent notamment de trouver un moyen de stimuler l’immunité des plantes non pas de façon continue, comme le fait Messenger, mais à la demande, en réaction à l’apparition d’un pathogène spécifique. On ne vaccine pas encore les plantes, mais ça ne saurait tarder...
Eden Bioscience:
http://www.edenbio.com
Le laboratoire de biologie moléculaire des interactions plantes microorganismes à l’INRA:
http://www.toulouse.inra.fr/centre/...
L’article de
Wired:
http://www.wired.com/news/technolog...