Jim Clark, le fondateur de Netscape, refuse de donner les 60 millions de dollars qu’il avait promis pour la construction d’un centre de recherches biomédicales. Il proteste contre la limitation des recherches sur les cellules souches, imposée par Bush.
Il n’est pas d’accord avec George W. Bush. Alors, il garde ses dollars. Jim Clark, milliardaire américain, fondateur de plusieurs entreprises d’informatique dont Silicon Graphics et Netscape, ne donnera pas les 60 millions de dollars (environ 430 millions de francs), comme prévu, pour financer la création du centre de recherche scientifique biomédical de l’université Stanford. Appelé BIO X, le “James H. Clark Center for Biomedical Engineering and Sciences” accueillera, malgré tout, dès 2003, des chercheurs spécialisés dans plusieurs disciplines dont la génomique, les neurosciences et la robotique.
...dito dans le New York Times
Certes, Jim Clark a déjà donné 90 millions pour l’édification du bâtiment. Mais sa générosité s’arrête là où commence la décision du Président américain de limiter la recherche sur les cellules souches. Le 9 août 2001, George W. Bush a déclaré que son gouvernement n’accorderait des financements qu’aux chercheurs utilisant des cellules souches déjà produites. En prenant cette décision, le président des ...tats-Unis fermait la porte au clonage thérapeutique. Le but de cette technique consiste, en effet, à prélever des cellules souches sur un clone de la personne à soigner, afin de recréer des tissus ou des organes pour remplacer ceux qui sont abîmés. Une méthode qui permet de limiter les risques de rejet lors de greffes. Mais la création de tels clones, qui ne connaissent qu’une durée de vie limitée (14 jours en Angleterre), suscite de vives critiques... George W. Bush a donc tranché en décidant de faire cesser ces pratiques. Trois semaines après, le 31 août, Jim Clark a annoncé, dans un éditorial publié dans le New York Times, qu’il conservait les 60 millions qu’il devait encore verser pour la création du centre à Stanford. Dès cette annonce, le président de l’université, John Hennessy, a aussitôt réagit. Dans un communiqué publié sur le site de Stanford, il a fait part de ses regrets. Il a précisé que cette décision n’entraverait pas les diverses activités menées dans le futur centre de recherches. Mais, sous les propos rassurants, on sent bien que cette perte sèche lui reste en travers de la gorge. "Nous espérons que les progrès réalisés en matière de cellules souches, combinés à des applications cliniques convaincantes, conduiront à une évolution de la politique gouvernementale et à la reprise des engagements de M. Clark envers Stanford", a-t-il précisé.
Clonage or not clonage
La décision de Jim Clark soulève deux questions brûlantes. La première concerne le pouvoir des fondations sur les politiques. Un journaliste du Mercury News insiste ainsi sur leur pouvoir immense de "donner et retirer" l’argent selon leur bon vouloir. D’autre part, dans son éditorial, Jim Clark a rédigé un brillant plaidoyer pour l’autorisation du clonage thérapeutique, seulement autorisé en Angleterre, pour l’instant . "Le clonage thérapeuthique(...) est simplement une méthode pour créer des cellules génétiquement compatibles, explique-t-il. Peut être que ça ne devrait pas s’appeler clonage." Il évoque aussi le retard que prendront les ...tats-Unis dans ce domaine de recherche. "Réduire les recherches sur les cellules souches, même pour quelques années, signifie simplement que les scientifiques aux ...tats-Unis ne seront pas des pionniers. D’autres possèderont les brevets (...) et une nouvelle industrie pharmaceutique prospérera ailleurs."