Un Canadien vivant près de San José vient d’être condamné à 23 ans de prison pour avoir diffusé des photos à caractère pédophile sur le Net. Une première dans un pays où beaucoup de choses restent à faire...
Au Costa Rica, la possession de documents à caractère pédophile n’est pas un crime. Leur diffusion par Internet, en revanche, en est un. Ce constat émane d’une décision prise jeudi dernier par la Cour suprême du pays à l’égard de Fahny Hanny, âgé de 45 ans, et jugé coupable de corruption envers des mineurs. Selon le quotidien en ligne Wired, c’est une plainte déposée par Casa Alianza, une ONG très active basée à San José, la capitale du pays, et travaillant sur la protection des enfants en Amérique Centrale, qui a déclenché l’enquête. La maison achetée il y a trois ans par Fahny Hanny, dans le district de San José, était le théâtre de fréquentes orgies où des enfants de 12 à 15 ans étaient victimes d’abus sexuels. Les photos étaient ensuite diffusées sur le Net. Une situation fréquente dans un pays souvent qualifié, par les ONG, de refuge pour les pédophiles, attirés par des messages publicitaires diffusés sur Internet. Dernier exemple en date, selon le quotidien de San José La Nacion : un agent de l’ancienne unité de répression des délits (UPD, Unidad Preventivo del Delito), suspecté de pédophilie, serait également détenu depuis le 29 août. Le nombre d’enfants victimes, au Costa Rica, d’abus sexuels serait supérieur à 3 000, selon le PANI( Patronato Nacional de la Infancia), une organisation de défense des enfants. Un chiffre que conteste le président du Costa Rica, Miguel Angel Rodriguez, dans une interview à ABC News. Pour lui, la prostitution infantile se limiterait à "une trentaine de jeunes filles dans les rues".
Flou gouvernemental
Selon l’AFP, six organisations viennent de se désolidariser du Comité national contre l’exploitation commerciale et sexuelle des enfants (CONACOES), qualifiée de "façade" pour un gouvernement laxiste. Pour Casa Alianza, à l’origine de cette protestation, le gouvernement n’applique pas une loi, votée en 1998 et selon laquelle 7 % des impôts sur le revenu doivent être destinés à lutter contre le mauvais traitement infligé aux enfants. Les pouvoirs publics auraient, de plus, présenté un projet visant à modifier la loi dans un sens restrictif. Information démentie, mercredi dernier, par le ministre en charge du dossier, Danillo Chaverri, qui a affirmé, selon l’AFP, que le projet en question visait au contraire à renforcer la lutte anti-pédophiles. Malgré ces bonnes intentions, les autorités du pays n’ont démantelé qu’un réseau de cinq pédophiles ces derniers mois, alors que le tourisme sexuel ne cesse de se développer.