29/06/2001 • 13h39
Paulus Neef, des pixels dans la tête
archmag15
Quand Paulus Neef lance sa société d’ingénierie multimédia, en 1991, il est pris pour un fou. Aujourd’hui, Pixelpark est l’un des leaders européens. Mais le visionnaire subit la dure loi du marché.
Les locaux sentent encore la peinture. Blanche, mais surtout bleue, la couleur fétiche de Pixelpark. Les nouveaux bureaux parisiens de la Web agency, proche du canal Saint-Martin, sont à l’image de son fondateur. Classe, imagination et assurance. Enfin, presque. Car, depuis la fin mars, Paulus Neef, la quarantaine imperceptible sous ses allures de Don Juan, joue les pompiers volants à travers l’Europe, multipliant les interviews pour rassurer les investisseurs et remotiver ses 1 200 salariés, ses « pixels » comme il les appelle. La success story connaît en effet quelques ratés. Comme l’ensemble des prestataires internet, Pixelpark n’a pas atteint les résultats espérés pour l’année 2000 : 343 millions de francs de chiffre d’affaires, entre juillet et décembre, au lieu des 360 attendus. Accompagner des clients dans leur stratégie internet ne fait plus recette. Le saut dans le grand Net ne fait plus autant rêver. Paulus Neef met donc la pression sur ses agences européennes. « Tous les pays doivent être rentables à la fin 2001. Sinon, des fermetures et des licenciements seront envisagés. » Le ton s’est durci chez ce patron adepte du tutoiement. Mais l’homme a lui-même la pression. Celle du marché qui le surveille à la Bourse de Francfort. Celle de Bertelsmann, géant allemand de la communication, qui est entré dans son capital en 1996. Celle de ses clients, des pointures telles que Adidas, Mercedez-Benz, Wanadoo, Habitat, Siemens ou Deutsche Telekom. « Il est impossible de comprendre ce retournement du marché », lâche-t-il.
La « pop star de la scène Internet », comme le qualifie la presse allemande, n’en est pas à son premier défi. Quand il crée sa société de multimédia, en 1991, avec deux copains dans un coin du salon, on le prend pour un fou. Son discours sur les mondes virtuels, les banques de données et les réseaux est incompréhensible pour l’époque. « Je ne pouvais rien vendre, car il fallait d’abord tout expliquer. » Karstadt, un grand magasin d’outre-Rhin, lui fait finalement confiance. Dans les rayons musique, des écrans d’ordinateurs permettent aux acheteurs de chercher un titre, de l’écouter et même de commander un CD. Une révolution pour l’époque. Tout comme ce magazine culturel interactif, Wildpark, lancé sur le Net en 1995. Une réussite éditoriale, mais un bide économique. Le plus dur pour un visionnaire, c’est d’attendre les envolées du marché.
http://www.pixelpark.com
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