Le syndicat des prestataires informatiques (Syntec) entend élargir sa convention collective pour l’appliquer aux métiers du Net.
"Dans notre convention collective, on connaît les ingénieurs d’études, les ingénieurs de projet, les cadres techniques, mais on ne sait pas ce qu’est un développeur. Il fallait mieux codifier la convention pour intégrer les métiers des sociétés internet." Guy Schaeffer est directeur de la politique sociale et de la formation au Syntec (syndicat des prestataires informatiques), qui se définit comme la "fédération des métiers du savoir", de l’ingénierie informatique et du conseil. Sa fédération professionnelle vient justement de soumettre une nouvelle codification de sa convention collective au gouvernement. Ce dernier devra procéder à l’extension de la convention aux métiers du Net, ou bien la refuser.
Jobs assimilés
La démarche du Syntec vise à assimiler les jobs bizarres d’Internet à des catégories déjà existantes, pour les faire rentrer dans les grilles de salaires, les normes de formation exigée. Ainsi, selon cette convention élargie, le développeur s’apparenterait au classique ingénieur d’études, le webplanner au responsable marketing multimédia et le webmaster à l’agent de maîtrise. Pour devenir concepteur multimédia, il serait établi qu’il faudrait un bac + 2. Le Syntec se risque même dans le délicat exercice qui consiste à définir ce qu’est un webmaster : "chargé du bon fonctionnement et de la maintenance du site". Quant on sait combien de casquettes ont parfois ces malheureux webmasters : les uns ne savent même pas encoder et d’autres sont de véritables administrateurs systèmes...
Mastodontes dans le flou
Si le ministère étend effectivement la convention collective, cela tirera au clair la situation de certaines sociétés qui ne savent comment s’enregistrer, explique Guy Schaeffer : "Les sociétés fournissant des prestations internet qui avaient un numéro d’activité débile auprès de l’INSEE vont pouvoir définir les professions cadres et non-cadres au sein de leur équipe."
Bien entendu, le Syntec n’a pas la prétention de rameuter tous les acteurs du Net sous sa bannière. La banque en ligne reste soumise à la convention collective de la banque, les e-marchands à celle du commerce, et les opérateurs et exploitants télécoms à celle des télécoms. Il va tout de même y avoir un certain nombre de cas limites : "Quand un portail est dédié à une seule activité, il ressort de la convention propre à cette activité. S’il multiplie les activités, cela dépendra de son prestataire de services. Si c’est une société d’ingénierie informatique ou de conseil, alors notre convention s’applique." Quid d’un portail comme Yahoo !, par exemple ? "Alors là, on ne sait pas quoi faire avec ces mastodontes multimédias..."
Coup de pub de Messier
Les métiers du Net qui relèvent d’autres conventions collectives qui n’ont pas été étendues à Internet ne risquent-ils pas d’être mal couverts ? Guy Schaeffer ne s’en inquiète pas. Au Syntec, on s’est très bien débrouillé avec l’ancien texte de convention pendant deux ans de folie Internet... Jusqu’à ce que Jean-Marie Messier, le PDG de Vivendi Universal, fourre son nez là-dedans. En février dernier, il avait demandé à ce que soit rédigée une convention collective sur mesure pour Internet. Une réflexion avait même été lancée, chez Vivendi, pour étudier la question. Résultat de cette "mission" menée par le directeur des ressources humaines du géant français : il n’est pas nécessaire de créer une troisième convention, puisque celle des télécoms convient pour les tuyaux, et celle du Syntec pour les contenus. "Ils voulaient tout passer sous la convention télécoms ! s’insurge Guy Schaeffer. On a protesté, et voilà." La sortie de Messier était-elle intéressée ? "Bah, c’était juste pour se faire un coup de pub", conclut le gars, décidément très au fait de la méthode J6M.com...