Un laboratoire logiciel public/privés
Si à l’origine on trouve un projet européen doté financièrement, l’aventure numérique parthenaisienne commence vraiment lorsque Michel Hervé rencontre Francis Senceber et Martine Ramis. Le consultant et la développeuse acceptent de travailler gratuitement sur un projet de « ville numérisée ». Michel Hervé supprime le journal municipal, et dépense les 600 000 francs économisés pour acheter les premiers ordinateurs. En 1995 est créé un Bulletin Board Service, service de communication en ligne. Mais le BBS a été relégué aux oubliettes avec le lancement des forums sur le serveur Web du district. Les premières applications utiles voient le jour : téléprocédures, annuaire, forums pour discuter de la vie locale, sites web pour les commerces, les associations, l’administration... Cet « In-Town-Net » compte, aujourd’hui, 100 000 pages publiées de façon décentralisée par les acteurs de la vie locale. La mairie de Parthenay a sa propre équipe de programmeurs qui créent des applications sur mesure pour la ville. Jusqu’en 1998, Senceber et Ramis ont été rémunérés pour les développements logiciels qu’ils effectuaient au sein d’Hervé Thermique, l’entreprise du maire. Cette dernière est elle aussi un laboratoire de la modernité numérique : les ouvriers sur les chantiers sont tous dotés d’un ordinateur portable avec imprimante intégrée, connecté via GSM. Hervé Thermique a atteint son objectif de certification qualité totale pour son système d’information.
Le district fournisseur d’accès
Depuis juillet 1996, le serveur districal sert aussi de relais local pour se connecter à petit prix à Internet. Une liaison spécialisée a été installée entre Parthenay et Paris. Le district est fournisseur d’accès : les habitants peuvent prendre une adresse e-mail gratuite, et ne paient pas d’abonnement pour se connecter. Seules les communications leur sont facturées par France Télécom, au tarif local. Près de 8 500 comptes e-mail ont été ouverts par le district, dont plus d’un millier sont activés au moins une fois par mois. Le serveur héberge également les pages personnelles, actuellement au nombre de 500.
Les espaces numérisés
Parthenay compte dix espaces numérisés, et les trois autres communes du district ont chacune ouvert le leur. Le premier de ces centres d’accès entièrement libre et gratuit a été créé en 1996, il est équipé de 45 PC, câblé en fibre optique, et reçoit 50 à 200 visites par jour. Pour animer ces espaces, on a, dès le départ, recruté des autodidactes motivés par la pédagogie. En 1997, la mairie de Parthenay a obtenu le statut de centre de formation, afin d’enseigner gratuitement l’usage des logiciels à tous les habitants du district et aux membres des associations locales. Des emplois jeunes ont été créés pour venir en renfort à ces animateurs-formateurs.
Opération mille micros
En 1998, Michel Hervé lance « Mille micros » pour informatiser les foyers à un prix raisonnable. Cette opération est réalisée en partenariat avec Siemens - grâce notamment aux bons offices de la femme de Michel Hervé, lobbyiste à Bruxelles - et avec France Télécom. Le constructeur informatique s’engage à vendre jusqu’à 1 000 micro-ordinateurs aux habitants, à un prix préférentiel : 7 200 F, payables en mensualités étalées sur deux ans. Les machines sont performantes pour l’époque (166 Mhz de vitesse d’horloge, 2,5 Go de disque dur). Certains regrettent qu’il n’y ait pas eu d’appel d’offre pour passer ce marché. Dans cette offre commerciale, il y a aussi un crédit de 400 heures de communications offertes par France Télécom. Aujourd’hui, le district recense 3 000 connexions quotidiennes par modem (donc, hors espaces numérisés et administration).
Le premier hypermarché en ligne de France
C’est en 1997 que l’Hyper U de Parthenay fait ses premiers pas dans le commerce électronique. Francis Senceber et Martine Ramis s’associent avec les dirigeants de la grande surface pour numériser, indexer, publier les informations concernant les marchandises. Un samedi matin, la circulation est bloquée par une subite gelée : Hyper U saute sur l’occasion et inaugure son service en avance. C’est un succès. Quelques mois plus tard, tout le catalogue de l’hypermarché est en ligne. Et 220 clients font régulièrement leurs courses sur Internet, pour un panier moyen de 830 francs.