Le petit fournisseur d’accès à haut - débit rachète l’opérateur en faillite Mangoosta, seul concurrent de France Telecom dans l’ADSL.
Le fournisseur d’accès ADSL pour le grand public Mangoosta, en liquidation judiciaire depuis le 2 août, vient d’être racheté par Nerim. Ce dernier fournit aussi de l’accès Internet ADSL, mais ne compte que 1 500 abonnés à travers la France, contre 5 000 pour sa proie, et sa clientèle est composée à 50 % de professionnels. Mangoosta commercialisait des offres de connexion intégrant le service ADSL Netissimo de France Telecom, à la façon d’une société de services et de commercialisation de téléphonie cellulaire. Nerim, elle, est simple cliente de Netissimo. Cela signifie que pour s’inscrire chez cette dernière, il faut d’abord souscrire auprès de France Telecom, puis de Nerim.
Disparition d’un concurrent de FT
C’est une différence de taille. De fait, Mangoosta se posait en concurrent direct de France Telecom. L’opérateur semi-public, détenant toujours un monopole sur les derniers mètres de fils de cuivre, fournissait - à contrecoeur, et avec d’étranges ruptures de service - de la connectivité à Mangoosta sur ordre de l’Autorité de Régulation des Télécoms. Mangoosta ne se contentait pas de masquer la marque France Telecom. Elle se préparait à devenir un opérateur à part entière, à l’occasion du dégroupage, afin de proposer l’ADSL sur ses propres tuyaux au lieu de ceux de FT, WorldCom, Cegetel... Voilà qui n’enchantait pas l’opérateur sortant.
Les surfeurs lésés sont contents
"Chez France Telecom, ils sont très contents que nous reprenions Mangoosta, soutient Christophe Carel, 26 ans, co-fondateur de Nerim avec Raphaël Bouaziz. On prolonge les contrats des abonnés, sur lesquels l’opérateur gagne de l’argent." Marc Sigler, secrétaire de l’Association des Surfeurs Lésés, est également ravi de ce rachat, parce que le service ne sera pas interrompu, et parce que Nerim a une excellente réputation : "C’est un petit FAI, avec un vrai contact humain. Quand on a un problème, il suffit de " chatter " avec Raphaël Bouaziz, l’administrateur système. " Qualité des prestations et service après-vente sont en effet les seuls moyens de promotion de l’entreprise, confirme Christophe Carel, qui base sa stratégie sur le bouche à oreille. Alors que Mangoosta a déçu les Surfeurs Lésés : "Ils ne répondaient plus dans les temps quand on avait une question."
Une histoire de coûts
La question, maintenant, c’est de savoir si un petit de 6 500 abonnés peut continuer à gagner de l’argent face au rouleau compresseur France Telecom. Premier point : en n’étant pas un concurrent direct, Nerim s’abrite judicieusement des foudres du monopole. Deuxième point : la société conserve la marque Mangoosta, et profiter de l’effet pub sans en payer la note. Troisième point : Nerim semble s’en tenir à sa stratégie initiale très anti-netéconomie, : pas de capital-risque mais rien que des fonds propres et une gestion prudente.
Christophe Carel explique la réussite de Nerim et la faillite de Mangoosta par la différence des structures de coûts respectives : "Par rapport à eux, nous économisons environ 10 millions de francs par an sur la masse salariale, parce que nous avons 5 salariés au lieu de 17, et que les salaires de la direction sont plus bas. Nous économisons 10 millions de francs de plus avec notre réseau, dont l’architecture est moins complexe que le leur - pour la simple raison que nous ne nous préparons pas au dégroupage. Enfin, les dépenses de marketing de Mangoosta étaient énormes. Nous n’en avons aucune !"
Reste à savoir si la qualité de service de Nerim sera la même avec 5 000 abonnés de plus et un réseau à redimensionner brutalement. Et à espérer que la grenouille, devenue un bœuf, saura ne pas éclater.