Singapour tolère Internet, mais pas trop...
Un amendement voté au Parlement hier montre que le gouvernement accepte quelques concessions pour les campagnes en ligne des partis d’opposition. La libéralisation reste cependant très limitée.
La bataille de l’Internet n’est pas encore gagnée pour les opposants au gouvernement de Singapour. Certes, l’amendement au Parliamentary Elections Act, plutôt restrictif, voté lundi 13 août, leur offre quelques motifs de satisfaction : les partis d’opposition pourront dorénavant légalement présenter sur leurs sites les affiches et les biographies de leurs candidats, le calendrier des réunions du parti, quelques prises de position, ainsi que des discussions modérées sur leur forum. Mais la libéralisation s’arrête là. Les sites personnels ne seront toujours pas autorisés à prendre parti pour un candidat. La publication des sondages d’opinion reste limitée et l’amendement autorise la contestation de l’élection par un candidat... dans une seule circonscription.
Un flou persistant
Le Premier ministre Lee Yock Suan laisser planer un flou persistant sur de nombreuses questions liés à l’utilisation d’Internet jusqu’à l’approche des prochaines élections, prévues pour août 2002. Le nouveau cadre juridique fixé pour l’Internet ne dit rien du contrôle des mails échangés par les citoyens sur des sujets politiques. Ni de la liberté d’accès des singapouriens aux sites contestataires hébergés à l’étranger, comme talkingcock.com, qui aborde avec une belle dose d’ironie des sujets souvent politiques. Pour Chee Son Juan, secrétaire général du Singapore Democratic Party (opposition), "la seule chose certaine c’est que toutes les règles n’ont pas été mentionnées". Aux parlementaires soucieux de l’avenir du débat politique sur Internet, le gouvernement répond que les campagnes doivent rester "sérieuses et responsables". Selon Straits Time, un quotidien de Singapour, le gouvernement aurait utilisé ce genre d’arguments lors de la dernière élection en 1996, pour supprimer à l’approche des élections les biographies des candidats des deux principaux partis d’opposition, le Singapore Democratic Party et le National Solidarity Party. Ce que la nouvelle loi leur interdit de faire aujourd’hui.