Bob Young, 47 ans, est cofondateur et chairman de Red Hat,
le leader du logiciel open source marchand.
Les start-ups de l’open source ne vont pas bien et de gros acteurs comme Dell ou IBM se mettent à Linux. Êtes-vous en danger ?
Depuis notre introduction en Bourse, en août 1999, nous savons que nous devons passer par les canaux de distribution des grands acteurs du secteur, les IBM, Dell, Oracle et les ASPs [Application Service Providers]. L’arrivée des poids lourds est une très bonne nouvelle pour l’open source. Cela entraîne, par exemple, une accélération rapide du nombre d’applications disponibles sur le marché. Nous avons annoncé, en mai, conjointement avec IBM, la sortie d’une série de logiciels professionnels qui font maintenant partie de la liste des produits IBM et vont être commercialisés par leurs milliers de revendeurs. En fait, nous voulons propager Linux au-delà de son marché captif, vers des clients comme les banques ou les sociétés d’assurance, qui ne veulent pas acheter des technologies, mais des solutions à leurs problèmes commerciaux.
Comment marche votre partenariat avec IBM ?
C’est un accord de partage des revenus. Nous équipons les serveurs IBM d’environnements Red Hat Linux et IBM nous paye au nombre de machines vendues, chacune étant assortie d’un contrat de maintenance Red Hat. Quand Red Hat vend une version de Red Hat Linux, le noyau Linux ne pèse que 16 MB sur les 800 MB du système complet. C’est là notre valeur : IBM n’est pas responsable d’un produit de 800 MB dont les parties proviennent de différentes sociétés. Ils ont, grâce à Red Hat, un interlocuteur unique. De même, leur client gère ses problèmes en direct avec Red Hat. Le cœur de notre valeur ajoutée est donc le service client, c’est-à-dire la formation, les mises à jour, les développements ultérieurs et la maintenance, qui pèsent en fait 5 à 10 fois plus que l’investissement logiciel initial. C’est dans ce sens que nous avons lancé Red Hat Network, un service-abonnement qui gère, pour les administrateurs-réseaux, toutes les mises à jour, la maintenance à distance et en temps réel. Le prix de l’abonnement dépend du nombre de machines équipées et du nombre d’administrateurs ayant accès au service. Le prix de l’abonnement peut donc aller de 10 à des dizaines de milliers de dollars par mois.