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1er/08/2001 • 19h00

Les grands projets du petit Chooz

archmag16
Perdue au fin fond des Ardennes, Chooz, un petit village de 800 âmes, est devenu un haut lieu des nouvelle technos. Câble, Internet haut débit, adresse mail... pour petits et grands. Le tout gratuitement.

« Il y avait des CRS à tous les coins de rue. Le village était bouclé, on nous demandait nos papiers d’identité tous les 100 mètres. Des blindés équipés de canons à eau patrouillaient dans le village. On coinçait des chiffons mouillés sous les portes pour empêcher les gaz lacrymogènes de pénétrer à l’intérieur des maisons. » Les habitants de Chooz, petite commune de 800 âmes à l’extrême nord des Ardennes, ont gardé un souvenir vivace du renouvellement des réacteurs de la centrale nucléaire campée sur les rives de la Meuse : un village en état de siège. C’était au début des années 80. Les installations datant de 1967 étaient devenues obsolètes. Malgré la mobilisation de la population et un NON au référendum local, les deux bâtiments d’une trentaine de mètres de haut ont finalement surgi de terre, en 1997.

Aujourd’hui, les passions autour de la centrale sont retombées. Il faut dire que, grâce à l’usine atomique, la commune perçoit 11 millions de francs par an de taxes professionnelles et d’impôts sur le bâti foncier. Certes, ainsi que le souligne une mère de famille de Chooz, cela ne compense pas le paysage dénaturé et la fin « des grandes balades et des cueillettes aux champignons ». Mais les Calcéens se verraient mal bouder les super installations numériques achetées, par la mairie, grâce aux taxes payées par EDF.

Pas d’états d’âmes

Car, Chooz, l’ancienne petite bourgade enclavée dans une région sinistrée par le chômage, est devenu « CHOOZ, VILLAGE NUMERIQUE ». C’est en tout cas ce que Michèle Marquet, élue socialiste qui mène actuellement son troisième mandat de maire, proclame fièrement sur sa carte de visite. Pour cette apôtre de l’initiative locale, la problématique relève de l’aménagement du territoire. « Le développement des NTIC en milieu rural est, selon moi, capital. D’abord, afin de résorber les problèmes liés au désenclavement. Mais, également, pour des questions d’égalité. Car il n’est pas possible de laisser à l’écart de révolutions technologiques tout un pan de la société française. » Avant d’ajouter, lucide : « Franchement, si la commune ne s’en était pas occupée, personne d’autre ne l’aurait fait. » Dans cette optique, Chooz s’est équipé d’un réseau câblé unique en France. « Au début du projet, aucune société n’a voulu nous connecter. Nous sommes donc propriétaires de notre réseau », dit-elle. Au départ, seule une vingtaine de chaînes, plus un canal d’informations locales, étaient accessibles sur les écrans des télévisions. Mais, en 1997, la municipalité est passée à la vitesse supérieure et a fait basculer son réseau dans l’ère du numérique et du Web. Résultat : 120 chaînes thématiques et une connexion internet à haut débit, absolument gratuites pour chacun des 800 habitants du village. Le programme a coûté 9 millions de francs et a nécessité de longs mois de travaux mais, entre deux bouffées de cigarette, madame le maire chasse les éventuels états d’âmes. « Je garde beaucoup d’estime et d’admiration pour la génération d’élus qui ont apporté l’eau potable et l’électricité dans chaque foyer », dit-elle. Car c’est bien là l’esprit du projet : apporter à chacun, à domicile, tous les avantages des technologies de l’information. La municipalité ne s’est donc pas contentée d’offrir les tuyaux. Un programme de formation au maniement de l’informatique a été mis en œuvre, dès 1997. Près de 300 personnes se sont déjà initiées aux joies et déboires de la micro-informatique et d’Internet lors de sessions de formation gratuites. Et, au deuxième étage de la mairie, un espace public dédié aux nouvelles technologies et doté d’une dizaine d’ordinateurs, accueille, tous les jours, la population de Chooz. Les enfants de l’école communale n’ont qu’à traverser la place de l’église pour venir y puiser, encadrés par leurs instituteurs, de la documentation dans le cadre de projets pédagogiques. Un cours sur la climatologie, les grandes invasions, un travail sur la conquête spatiale. Ce mardi-là, pour Nadjim, collégien en classe de 5e, il n’y a pas école. Il lâche timidement : « Les grands du lycée passent le bac. Alors, le collège est fermé. » Installé confortablement au fond de sa chaise, l’imprimante à portée de main, sa casquette de l’AS Sedan (fleuron du foot ardennais) vissée à l’envers sur la tête, il squatte les cyber locaux municipaux. Il est très bavard dès qu’il s’agit d’évoquer Internet. Nadjim avoue passer le plus clair de son temps libre dans cette salle à la moquette aux accents bleutés et à lumière tamisée. Didier Japin, l’animateur du lieu, l’affirme : « Aujourd’hui, les jeunes de Chooz ont réellement un réflexe Internet. Les écoliers viennent ici pour se documenter pour tel ou tel exposé. Certains, plus âgés, ont aussi l’habitude de passer des petites annonces sur Internet, pour vendre une voiture ou une moto. » L’accès à la salle est même ouvert aux habitants des villages voisins qui ont pris l’habitude de venir pianoter sur les machines de la municipalité. « Dans le coin, il n’y a presque pas d’accès public à Internet. À Givet, à quelques kilomètres, il y a un cyber café, mais l’heure de connexion est à 20 francs de l’heure », explique Fabrice Rasquin, le gourou technique du projet.

Canal local

En face de la mairie, sur la place du village, deux « anciens de Chooz », assis sur un banc, pour un bavardage improvisé au soleil, sont plus mesurés. « Moi, je ne regarde jamais la télé », explique René, fringant septuagénaire, l’antenne d’un téléphone portable dépassant de la poche de son bleu de travail. Jean, son compère de discussions, avoue ne pas se soucier non plus des bouquets de chaînes offerts par la mairie : « Je ne mets que la une, la deux, la trois et quelques fois la cinq. Vous savez, Arte... » Avant d’ajouter, en forme d’avertissement : « Et, depuis qu’ils ont installé le réseau câblé, j’ai l’impression que les gens sortent moins. » Alors, Internet, vous pensez...

À la mairie, on assure, pourtant, que l’objectif est de séduire aussi ceux qui sont rétifs à l’informatique. « Dès la rentrée 2001, nous allons équiper les foyers qui n’ont pas d’ordinateurs d’un système qui permettra l’accès à Internet sur les postes de télévision », explique Michèle Marquet. Marie-Rose, mamie surfeuse à l’allure de (sympathique) Tatie Danielle, joue déjà les cobayes. En échange de l’équipement ad hoc, cette ancienne prof d’économie a été promue mascotte médiatique du village numérique. Postée au milieu de son salon, à trois mètres de sa télé, elle joue les apprentis sorciers en pianotant sur son clavier sans fil. « Je préfère consulter Internet depuis mon salon. J’ai un ordinateur à l’étage. Mais ici, c’est mon confort », lâche-t-elle. Entre deux émissions de KTO, la chaîne catholique qu’elle adore, et de saines lectures des livres d’obédience gaulliste qui s’empilent dans sa bibliothèque de salon, Marie-Rose scrute les informations de Canal Chooz.

Souvenirs de guerre

Car, sur le Canal 43, Chooz a, aussi, et depuis 1997, sa chaîne de télé municipale : un programme d’une dizaine de minutes diffusé en boucle. « C’est une idée formidable, s’enthousiasme René, jovial bonhomme de 82 ans, qui, en T-shirt rose pale et chaussons, prend le frais devant la cour de sa maison. Souvent, quand on rentre avec ma femme, on se branche sur le canal local. Récemment, nous avons appris, par un arrêté diffusé à la télé, que notre rue serait en travaux. » René a même reçu la visite d’un écrivain public chargé par la municipalité de recueillir les témoignages des anciens de Chooz. « Je lui ai confié les carnets intimes de mon grand père, ses souvenirs et ce qu’il m’avait raconté de la guerre 14-18. » Le tour d’horizon a donné lieu à la constitution d’un espace baptisé « mémoire vive » et développé sur le site chooz.com.

Sur la Toile s’étalent donc à la vue du monde entier les sobriquets et petites histoires des anciens de Chooz. Rue par rue. Même si René ne s’est jamais connecté au site, faute de disposer d’un matériel informatique adéquat, il pense qu’il faut vivre avec son temps. « Autrefois, le garde champêtre passait dans les rues avec sa sonnette. Les gens du quartier sortaient pour écouter les dernières informations sur la vie communale. Aujourd’hui, il y a l’affichage sur les panneaux à la mairie. Mais certaines personnes âgées ne peuvent plus se déplacer facilement. » Coupures d’eau, arrêtés du maire, informations associatives : la municipalité s’est dotée d’un outil efficace de communication, en temps réel, en direction de ses administrés. « Lors de la dernière montée des eaux, nous informions les villageois sur la situation. Notamment en diffusant les messages de la sécurité civile », explique Michèle Marquet. En juin 2001, EDF a procédé à un arrêt de tranche à la centrale nucléaire. But de la procédure routinière : assurer des opérations de contrôle et de maintenance sur l’un des réacteurs nucléaires. Dans les foyers calcéens, les tubes cathodiques ont relayé l’information : « 09 juin 2001 : arrêt programmé de l’unité de production n°2 de Chooz à la centrale nucléaire en vue de procéder à un renouvellement d’un quart du combustible et à des opérations de maintenance. Près de 1 200 intervenants extérieurs sont attendus en complément aux 800 agents d’EDF. Le coût de l’opération est de 50 millions de francs, dont 15 % de commandes bénéficieront directement à l’économie locale. » Le communiqué de presse émanait du service communication d’EDF. Logique de transparence ? Michèle Marquet assure solennellement : « Si un jour, il y avait un pépin nucléaire, j’utiliserais Canal Chooz pour communiquer les informations à la population. »

Chacun trouve son chat

Le système est géré de manière automatique par un ordinateur qui, via le serveur, diffuse automatiquement les messages. « La configuration technique du réseau permet à chaque habitant d’entrer directement des messages sur le site internet de Chooz. Le serveur les diffuse ensuite automatiquement à la télé », explique Fabrice Rasquin. « Récemment, un Calcéen a perdu son chat. Il a passé un message sur Canal Chooz : il l’a tout de suite retrouvé ! », se marre Gérard Merielle, retraité rigolard de l’Aérospatiale. Installé depuis six ans à Chooz, cet ancien photographe industriel s’est finalement décidé à acheter un ordinateur pour Noël. Un pentium III, un scanner photo flambant neuf et une imprimante couleur. Depuis, il passe une à deux heures par jour devant son écran. Et avoue même être devenu un accro des jeux vidéo, après une petite formation accélérée dispensée par son petit-fils. « J’ai une PlayStation et une douzaine de jeux. Mais celui que je préfère, c’est Lara Croft. Pour le côté aventures, bien sûr », lâche-t-il dans un sourire malicieux.

Apéro par mail

Ce dingue de nouvelles technologies admet assouvir aujourd’hui une passion, celle de l’informatique et de la confrontation aux réseaux. Il jubile : « Pas plus tard qu’avant-hier, nous sommes allés chez nos voisins pour un apéritif dînatoire prolongé. Ils ont pris quelques clichés et... Ils viennent de me les envoyer par mail ! » À Chooz, chaque habitant dispose d’une adresse électronique à son nom et les serveurs de messageries sont municipaux. Et cela file à toute allure : Chooz loue une liaison spécialisée de 2 mega bits à France Télécom. La puissance de débit est ensuite répartie entre tous les postes informatiques. Une infrastructure technique que la municipalité de Chooz compte bien mettre en avant pour assurer le développement économique de la commune. Dans ce domaine, les projets se multiplient. La mairie a même racheté une ancienne exploitation agricole. « Nous comptons proposer à l’...ducation nationale un projet de ferme technologique », assure Michèle Marquet. Prochainement, un centre d’appels créant une cinquantaine d’emplois devrait, également s’installer à Chooz. Le miracle de l’atome, sans doute.

 
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