Netstrike.it se targuait d’avoir inventé le sit-in virtuel. Et d’avoir ralenti le site du sommet du G8 durant deux jours. Il a été saisi par le parquet de Gênes.
Netstrike.it, un site hacktiviste italien, avait inventé le sit-in virtuel. Selon l’un de ses membres, contacté par mail, netstrike.it promeut une nouvelle forme de protestation, née en 1995, qui consiste à ralentir l’activité d’un site web distant. Foin des logiciels de flood ou des attaques DOS, qui balancent des milliers de requêtes à la minute pour ralentir, voire bloquer, l’accès d’un site spécifique : pour les membres de netstrike.it, le travail doit être manuel. Ainsi, à l’appel de l’un d’entre eux, les membres de netstrike.it se coordonnent sur un canal IRC, et décident de se connecter tous en même temps sur un même site web. Ce qui ralentit son activité.
Les policiers chez l’hébergeur
C’est ce qui s’est passé le 20 juillet dernier à Gênes, après la mort de Carlo Giuliani, manifestant abattu par un carabinier lors des manifestations contre le sommet du G8. Spontanément, les hacktivistes se sont donné rendez-vous sur le site du G8, ralentissant son accès pendant deux jours. Mais alors que ce genre d’actions se déroulai t sans problème depuis 1995 (le premier sit-in virtuel visait à ralentir le site du gouvernement français pour contester les essais nucléaires dans le Pacifique), cette fois-ci, les policiers bolognais ont débarqué chez l’hébergeur, ecn.org. Et ont exigé qu’il supprime le répertoire netstrike.it de sa base. "Pendant six ans, aucun avocat, si zélé soit-il, n’a jamais rêvé d’accuser quelqu’un pour ces pratiques contestataires", peut-on lire sur la page d’accueil actuelle de netstrike.it. C’est désormais chose faite à la demande du parquet de Gênes.
D’ores et déjà, netstrike.it a trouvé refuge sur plusieurs sites miroirs. Ses administrateurs se montrent particulièrement prudents, ne se dévoilent pas, se taisent à l’arrivée d’un nouveau venu sur le canal de discussion IRC, et refusent de parler au téléphone. Mais ils invitent la presse du monde entier à reprendre leur communiqué. Une méthode que n’importe quel journaliste refuserait de la part d’un organisme gouvernemental. Est-ce bien la meilleure façon de se faire entendre ?