Une étude gouvernementale montre que les organismes génétiquement modifiés sont dispersés dans les cultures classiques.
Prenez une boîte de maïs standard : combien de grains génétiquement modifiés se cachent parmi les grains normaux ? Aujourd’hui, personne ne peut le dire avec certitude. Les entreprises spécialisées dans le commerce du maïs évaluent à 7 % le nombre de lots de semences contenant involontairement des OGM. À partir d’un nombre d’échantillons plus réduit, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) évalue ce chiffre à 41 %. Dans un avis paru lundi, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) estime que la proportion réelle doit se trouver quelque part entre les deux chiffres. Seul point rassurant : dans les 7 à 41 % de lots contaminés par les OGM, la quantité de grains génétiquement modifiés ne dépasse pas 0,2 %. La pollution des cultures par des OGM a donc beau être très répandue, elle ne concerne qu’une partie des grains. Mais une fois les OGM répandus dans la nature, il paraît impossible de revenir en arrière.
"Une fois que l’on a découvert la présence de traces de maïs génétiquement modifié dans des cultures destinés aux semences, on peut être certain que le futur champ de maïs (ou de blé, ou de tout autre plantation) du cultivateur contiendra des OGM. Que celui-ci le souhaite ou non", explique Bernard Chevassus-Au-Louis, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique, président du conseil d’administration de l’Afssa et vice-président de la Commission du génie biomoléculaire (CGB), chargée d’évaluer l’impact des OGM sur l’environnement. "Le vendeur de semences traditionnelles peut garantir une pureté de 95 à 99 %. Un grain sur mille ce n’est pas beaucoup. Mais il restera toujours quelques impuretés, à moins que les agriculteurs ne se transforment en laboratoires pharmaceutiques, fermés à tout contact avec l’extérieur."
Un petit pas en avant
L’avis de l’Afssa intervient peu de temps après la décision du gouvernement qui, suite aux recommandations du Conseil d’...tat, a annoncé, le 25 juillet dernier, la publication sur Internet du nom des communes françaises où se déroulent des expérimentations d’OGM. Jusqu’à présent, les associations s’étaient toujours vues refuser le droit d’accéder à ces informations qu’elles réclamaient pour mener leurs propres inspections. Aujourd’hui, l’...tat fait preuve d’un peu plus de transparence. Mais limite l’information publiée au nom des communes : il refuse encore de divulguer l’emplacement exact des parcelles d’OGM dans les villes concernées. Dans son avis, l’Afssa propose également d’instituer une banque de données internationales destinée à compiler toutes les informations disponibles, et crée à partir des déclarations obligatoires associées à la culture des OGM. Cette banque de données ne serait toutefois accessible qu’aux "instances d’évaluation"... La totale transparence qui, seule, permettrait d’évaluer le risque que les OGM font courir à la santé, n’est pas encore pour demain.
L’Institut national de la recherche agronomique:
http://www.inra.fr
Le communiqué de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments:
http://www.afssa.fr/actualites/inde...
Le ministère de l’Agriculture:
http://www.agriculture.gouv.fr
Le site de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes:
http://www.finances.gouv.fr/DGCCRF