Avec son frère, il a monté le site d’achat groupé, repris par Dealpartners. Depuis, l’ex-PDG se cherche.
Mars 2000 : le site d’achat groupé Clust est lauréat des Clics d’or. Meilleur site français. Rien de moins. Et Joël Palix, son président, rayonne. Octobre 2000, Clust, au bord du dépôt de bilan, est repris par son concurrent, Dealpartners, et ses fondateurs quittent le navire. C’est l’une des premières start-ups françaises renommées à péricliter. Et l’affaire fait du bruit. Palix, lui, relativise : « Ce n’est ni le premier, ni le dernier projet auquel je m’attelle qui plante », dit-il aujourd’hui. Car l’ancien directeur du développement des Trois Suisses n’est pas, à 39 ans, le stéréotype du « monteur de start-ups inexpérimenté ». Au contraire. Alors, pourquoi, il y a deux ans, a-t-il quitté un confortable poste chez le vépéciste pour créer une start-up ? « Mon frère et moi envisagions depuis longtemps de monter un projet ensemble. En 1999, le développement du commerce électronique ouvrait des opportunités de concepts novateurs et, parallèlement, la folie du financement des start-ups s’annonçait », explique-t-il. Il décide, alors, d’en profiter en se concentrant sur la thématique de l’achat groupé, « bien dans l’esprit d’Internet et différente de ce qui existait dans le monde réel ».
Lourd passif
Et ça marche : Clust lève, sans mal, 15 millions de francs en décembre 1999, ouvre son site internet en janvier 2000 et se fait connaître, en février 2000, par une campagne d’affichage au slogan accrocheur (« moi puissance nous »). Très vite, le site attise la curiosité du grand public, reçoit plusieurs récompenses (dont le Clic d’or 2000) et bénéficie d’innombrables papiers dans la presse. Mais le chiffre d’affaires et les marges ne sont pas au rendez-vous. Tout va très vite : dès l’été, Joël Palix comprend qu’il va être difficile de trouver les 80 à 100 millions de francs recherchés pour financer ses développements internationaux. Il frise la cessation de paiement et doit chercher un repreneur. « La concurrence dans le secteur de l’achat groupé était particulièrement exacerbée en France ; après avoir trouvé l’idée formidable, les gens se sont mis à dire que ce n’était pas forcément une meilleure manière d’acheter que d’aller dans un supermarché ; enfin, les difficultés de l’entrée en Bourse de Letsbuyit n’ont pas redoré l’image du secteur », analyse Joël Palix. N’était-il pas temps, pour Clust, de tout arrêter avant de dépenser l’argent d’une deuxième levée de fonds ? « On peut raisonnablement se poser la question, mais je garde un avis partagé. Nous respections notre business plan et aurions atteint la rentabilité d’ici trois à quatre ans », expose l’ancien PDG. Mais la vraie question, comme il le reconnaît lui-même, est de savoir si les marges dégagées, à terme, auraient été suffisantes pour rembourser les investissements initiaux et créer une plus-value forte pour les capital-risqueurs.
Le doute est permis.
Le transfert de Clust vers Dealpartners et l’élaboration d’un concordat avec les créanciers de Clust (Dealpartners a repris la start-up, mais sans son passif) a occupé la fin de l’année 2000. Pour se remettre, Joël Palix s’est accordé des vacances en janvier. Depuis son retour, il réalise ponctuellement quelques missions de conseil pour des start-ups ou les activités Internet de grands groupes. Surtout il planche sur plusieurs projets nouveaux avec son frère. « Nous prenons notre temps pour réfléchir, car l’environnement n’est pas porteur pour se lancer », admet-il. Il espère, néanmoins, qu’un de ces projets aboutira prochainement. « Peut-être que, d’ici mai, je pourrai parler de ce que je prépare », lance-t-il impatient. Cessera-t-il alors d’être présenté comme Joël Palix, ex-Clust ?
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