Ce n’est pas un moteur à eau, mais un calculateur à eau qu’une équipe de chercheurs américains a expérimenté. Et ça marche.
Quelques gouttes suffisent... De la taille d’un timbre poste, le réseau liquide que le biochimiste George Whitesides de l’université d’Harvard (Massachussetts) et son équipe ont réalisé est capable de résoudre un problème mathématique. Rien de très surprenant quand on y pense : les géologues connaissent déjà « l’intelligence » de l’eau, qui, sur un terrain accidenté, s’écoule naturellement en minimisant la perte d’énergie.
Les chercheurs ont construit 16 couches de canaux, de puits et de réservoirs sur une plaque de plastique. L’épreuve mathématique choisie est une variation du problème dit « du voyageur de commerce », consistant à comparer tous les trajets possibles entre plusieurs villes. Chaque canal représente une route entre deux localités, chaque puits est une ville. La couche inférieure du système récupère l’eau qui s’écoule dans les puits. L’architecture du réseau est ainsi conçue que la solution du problème correspond au puits qui reçoit le débit le plus élevé, identifié grâce à des particules fluorescentes. Jusqu’à présent, les chercheurs ont réussi à résoudre le problème pour six villes. Mais ils estiment qu’ils peuvent passer le cap de la quarantaine, soit une vingtaine de minutes de calcul sur un ordinateur. De tels dispositifs pourraient être intégrés aux futurs « laboratoires sur une puce », des systèmes d’analyse chimique qui ne nécessitent pas une grande puissance de calcul et pourraient ainsi être, en partie, dégagés des contraintes liées à l’électronique. Limpide, non ?
Le Département de chimie et de biochimie d’Harvard
http://www.chem.harvard.edu