Après la mise au point par des Français d’un protocole d’accès internet par satellite, le marché attend de décoller. Interview de Philippe Jacut, directeur marketing d’Udcast.
Cocorico ! Il y a deux mois, l’Internet Engineering Task Force, l’autorité internationale chargée de valider les standards d’Internet, donnait son agrément officiel à un protocole français établi pour l’Internet par satellite. L’UniDirectional Link Routing (UDLR) permet de faire circuler les données entre le satellite et le réseau. Ce nouveau standard est l’œuvre de quatre chercheurs de l’Institut National de Recherche en Informatique et Automatique (Inria). Pour développer et vendre des applications liées à l’UDLR, ils ont créé une spin-off de l’Inria, la société UDcast. Leur principal problème aujourd’hui : le décollage de l’Internet par satellite tarde à venir. Mais la situation pourrait évoluer rapidement. Quelques signes montrent en effet un frémissement sur ce marché encore en gestation. Tandis que Tiscali et Freenet peaufinent leurs offres (lire article de Transfert) et qu’ Aramiska prépare ses plans de bataille pour la rentrée (Lire article de Transfert), en France, la société d’économie mixte e-téra propose déjà une offre d’Internet par satellite aux particuliers. Parmi les partenaires d’e-téra figure notamment UDcast. Reste maintenant au satellite, confronté à la concurrence de l’ADSL et du câble,à trouver sa "killer application".
Trois questions à Philippe Jacut, directeur marketing d’UDcast.
Quel est l’avantage d’Internet par satellite par rapport aux autres canaux de diffusion à haut débit ?
En matière d’Internet par satellite, la difficulté consiste à gérer l’asymétrie : on reçoit beaucoup de données, on en envoie peu. L’Internet par satellite, c’est comme le soleil, on ne mutualise pas les rayons. Avec le multicast, on envoie un contenu unique à chacun, en temps réel et sans avoir à partager la bande passante. Notre débit est garanti. La vidéo sans interruption, qualité maximale, interactive, en temps réel, devient possible. Par ailleurs, Internet à haut débit devient accessible à tous, même dans les zones les plus reculées.
L’Internet par satellite, c’est l’Arlésienne. Pourquoi deviendrait-il populaire maintenant ?
Il y a eu un mauvais démarrage, il y a quatre ou cinq ans. Les démonstrations étaient onéreuses, et il n’y avait ni standard ni applications. Chaque fabricant développait un protocole propriétaire. Ce n’est plus le cas avec l’UDLR. Mais ce n’est pas gagné, il faut encore convaincre entreprises et particuliers de l’intérêt du satellite.
Comment se situe UDcast dans le marché naissant ?
En tant qu’inventeurs du standard UDLR, désormais disponible pour tous, les ingénieurs d’UDcast savent développer des applications pour ce protocole. UDcast vend notamment trois produits qui permettent d’encapsuler les données, de les authentifier et de les distribuer. Nous visons le marché des applications avec multidiffusion : hôpitaux, grands magasins... Nous avons déjà vendu une application pour diffuser de la musique par satellite, interrompue de messages publicitaires extrêmement ciblés dans les pharmacies françaises.