Ericsson, Motorola, Nokia et Siemens lancent un forum industriel, le Mobile Games Interoperability (MGI). Objectif de ces mastodontes de la téléphonie mobile : définir une plate-forme commune, avec règles et spécifications logicielles, pour permettre aux éditeurs de développer des jeux compatibles avec tous les terminaux. Cette compatibilité était déjà de mise pour les jeux en ligne - grâce à la norme Wap - mais pas pour les jeux offline. Conséquence, un casse-briques conçu pour un mobile Nokia ne fonctionnait pas sur un Motorola, et inversement. Les éditeurs de jeu devaient donc développer une version spécifique pour chaque constructeur. L’initiative du MGI ne peut que satisfaire les éditeurs. "Nous sommes en contact avec les fabricants, nous pouvons leur expliquer nos besoins", souligne Gonzague de Vallois, directeur commercial de Ludigames (ex-Ludiwap), éditeur de jeux pour terminaux mobiles (filiale d’Ubisoft).
Objectif 2002
L’émergence d’une norme commune permettra surtout de faire décoller un marché encore embryonnaire, à l’exception du Japon où triomphe l’i-mode de NTT DoCoMo (lire le dossier dans Transfert n°14). Gonzague de Vallois s’en frotte déjà les mains : "Le potentiel est immense parce que le parc de téléphones GSM dans le monde [environ 400 millions d’unités, NDLR] est immense. Et le concept est séduisant, on peut jouer dès que l’on a un moment de libre dans la journée : dans le métro, dans le train..."
Mais la partie n’est pas encore gagnée pour les "quatre grands" du MGI. Il leur faudra notamment imposer leur norme au reste du monde. Leur poids joue néanmoins en leur faveur : ils contrôlent à eux quatre plus de 60 % du marché mondial. Enfin, reste la question du prix à payer pour jouer sur son téléphone portable. "Le client paiera un prix adapté à la satisfaction qu’il retire du jeu", prévient Gonzague de Vallois. Et pour être sûrs de rentabiliser leur investissement, constructeurs et éditeurs "attendront probablement d’avoir sécurisé le système avant de lancer leurs jeux dans le grand public". Ce dernier devra, quoi qu’il en soit, attendre encore pour jouer à la bataille navale dans le bus. "Ce sera prêt pour 2002, peut-être, espère Gonzague de Vallois. Pour l’instant, le marché s’organise, techniquement et économiquement." Super Mario et ses petits copains de la Game Boy ont encore de beaux jours devant eux.