Les salariés licenciés s’en prennent à leurs ex-employeurs. Wired raconte comment ils les dénoncent à la Business Software Alliance. Pour avoir piraté des logiciels.
"Je savais que mon ex-société utilisait des logiciels piratés et j’aurais fait n’importe quoi pour que cela se retourne contre elle", confie un programmeur licencié à Wired. Stratégie choisie pour mettre l’ex-employeur dans l’embarras : déposer un rapport à la Business Software Alliance (BSA) dénonçant l’utilisation frauduleuse par l’entreprise de logiciels piratés. La BSA recueille alors ces informations, teste la crédibilité de ceux qui la contactent et mène sa petite enquête auprès du concepteur du logiciel soi-disant piraté.
Si l’enquête menée se révèle concluante, la BSA demande à l’entreprise de coopérer en détruisant les logiciels piratés, en en rachetant de nouveaux et en lui payant des " frais de règlement à l’amiable ". Si l’entreprise refuse de coopérer, la BSA demande au juge fédéral de l’autoriser à enquêter sur le lieu même de l’entreprise. Mais cette autorisation est difficile à obtenir. Ceux qui témoignent de l’utilisation par l’entreprise de logiciels piratés veulent souvent garder l’anonymat... Il est alors difficile de convaincre le juge.
Tous les coups sont permis
Les salariés licenciés sont cependant de plus en plus décidés à témoigner contre leurs ex-entreprises. Depuis un an, le nombre des rapports déposés a augmenté de façon spectaculaire, selon la BSA. Surtout dans le secteur technologique. La BSA, dont les méthodes douteuses ont souvent été critiquées, fait d’ailleurs tout pour ça : sur son site web, elle incite à "dénoncer les fraudes" (tout en garantissant l’anonymat des délateurs). Elle propose aussi des logiciels gratuits pour "auditer" de façon furtive les parcs informatiques, et y repérer les logiciels dont la licence n’aurait pas été acquittée. De même, la BSA se fait fort d’envoyer des courriers postaux en laissant entendre qu’elle a été investie d’une mission "officielle" afin de venir inspecter le contenu des ordinateurs des entreprises - ce qui est, bien évidemment, tout sauf légal. Ce genre de menaces, de méthodes et d’outils d’espionnage s’apparentent étrangement aux méthodes utilisées par les "pirates". Mais attention : il s’agit là du lobby représentant les plus puissantes multinationales informatiques, lobby entré en guerre contre le piratage des logiciels... Et tous les coups sont permis.