Une importante campagne de presse et une pétition en ligne lancée par le journal indien Indian Express ont aidé à la libération de Vikas Singh, qui marchait pour la paix depuis...1987. Détenu au Pakistan pendant plus de deux mois, il a été reconduit à la frontière indienne jeudi 5 juillet.
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À 17 heures 17 (heure locale), ce jeudi 5 juillet, Vikas Singh est redevenu un homme libre. Détenu au Pakistan pendant plus de deux mois, il a enfin foulé le sol indien, salué par une foule qui l’a accueilli comme un nouveau missionnaire de la paix. En 1987, à 22 ans, cet ingénieur indien était parti de Lucknow (dans la région de l’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde) pour traverser le monde à bicyclette pendant.... 25 ans. Un visa manquant a failli mettre un terme à ce projet fou, après que le héros de l’histoire eut déjà traversé 62 pays : 14 années à la force des mollets, pour promouvoir la paix. Son voyage avait bien failli s’achever à la fin d’avril 2001 quand, venant d’Afghanistan, il avait été arrêté à la frontière du Pakistan, dont les autorités lui refusaient un visa. Le 31 mai dernier, son sort était réglé : trois ans de prison. Dans son pays, en Inde, la nouvelle avait été perçue comme une grave injustice.
Mais, géopolitique oblige, les autorités indiennes avaient fait le dos rond, à cause de la programmation d’un sommet primordial avec leur sourcilleux voisin pakistanais. Du coup, les parents de Vikas Singh se sont retournés vers la presse afin qu’elle fasse campagne pour la libération de leur fils.
Course à l’audience
L’affaire a très vite envahi la presse indienne, rarement en reste d’une critique envers le Pakistan. Une pétition en ligne, lancée le 28 juin 2001 par The Indian Express a recueilli 10 000 signatures, dont la majorité en deux jours. De son côté, le Times of India, le plus important journal indien et "le deuxième plus important journal en langue anglaise au monde" publiait une interview, en ligne et sur papier, du père de Vikas Singh remerciant le journal pour son action de lobbying... L’enjeu était d’importance : plus de 50 % des visiteurs du site du Times of India habitent les ...tats-Unis, et ces NRI (Non Resident Indians) sont la cible privilégiée des annonceurs sur Internet. L’Indian Express, lui, a profité de l’affaire Vikas Singh pour mener une course à l’audience avec son grand concurrent, leader des sites d’information indiens.
Le geste caché des autorités indiennes
La presse indienne a analysé la bienveillance pakistanaise comme un geste politique voué à ne pas envenimer les relations entre les deux pays, en passe de s’améliorer sur des questions autrement épineuses.
Ce que les journaux indiens ne disent pas, c’est que, en échange de la liberté du cycliste messianique, les autorités indiennes ont, elles aussi, fait un geste en relâchant des prisonniers Pakistanais. Sur le site de Dawn, le principal journal pakistanais, les deux informations figurent côte à côte...
Vikas Singh va pouvoir reprendre son périple ; il lui reste 11 ans encore à tenir sur les 25 initialement prévus pour son voyage. Sur le site d’Indian Express, on peut maintenant lui envoyer des messages de félicitations. À quand le feuilleton en direct de ses aventures sur le Web ?