Il s’agit, selon le New York Times, "d’une des plus rapides fraudes de l’histoire", d’un montant d’environ 50 millions de dollars (385 millions de francs) et impliquant plusieurs dizaines de milliers de petits investisseurs. À l’origine : un homme, Donald A. English, quinquagénaire d’Oklahoma City, qui croupit aujourd’hui dans une prison fédérale des ...tats-Unis.
Cette affaire alambiquée commence à la fin du mois d’octobre 2000, de façon plutôt banale. Donald English, 53 ans, père célibataire au chômage, est à court d’argent. Menacé d’expulsion, il trouve le moyen de renflouer son compte en banque : créer sa start-up, EE-Biz Ventures. Le principe est simple : des investisseurs ouvrent un compte chez EE-Biz, leur argent étant changé en une devise virtuelle appelée "e-gold". Miracle, en quelques semaines, la somme d’e-gold sur le compte ouvert est multipliée par deux. Visiblement, personne ne trouve la méthode étrange.
Accumulation de plaintes
Mais l’affaire se complique. Victime de son succès, le serveur informatique plante en raison d’une trop forte demande. Impossible, dès lors, d’informer les investisseurs sur leurs gains (virtuels). Impossible également d’encaisser l’afflux de nouveaux crédits, bien réels eux. Kevin T., responsable de la maintenance du site, découvre alors la supercherie et ferme le site. Ulcérées, les victimes multiplient les plaintes pour récupérer leur mise. "L’argent, promet Donald English, sera remboursé par un bienfaiteur canadien du nom de Garry Stroud, un des principaux clients de la banque Euro Credit", une obscure institution basée à Genève. Stroud informe alors les investisseurs que leur argent a été versé sur des comptes à leur nom chez Euro Credit. S’ils veulent le retirer, ils doivent d’abord... envoyer plus d’argent à la banque Euro Credit, qui leur délivrera alors une carte de retrait.
Les pigeons en redemandent
Ce qu’il ne dit pas - mais que les enquêteurs américains finissent par découvrir - c’est que la banque Euro Credit n’existe pas, et que son siège genevois n’est fait que de bureaux vides ! "M. Stroud, racontent les autorités boursières américaines, avait donné des instructions pour que les chèques envoyés à cette adresse lui soient renvoyés au Canada." Stroud reçut ainsi un pactole supplémentaire de 300 000 dollars. Trop heureux à l’idée de remettre la main sur leurs économies, les investisseurs-pigeons avaient en effet suivi ses consignes à la lettre. "Ils attendent toujours leur carte de retrait, conclut le New York Times. Mais les enquêteurs pensent qu’ils ne les verront jamais."