Des chercheurs viennent de dévoiler une technique de manipulation cellulaire qui permet aux femmes stériles d’avoir des enfants possédant le même patrimoine génétique qu’elles.
La technique n’est pas encore au point, mais le principe semble simple et prometteur. Des chercheurs de la Cornell University ont présenté, lors de la conférence annuelle de la Société de reproduction humaine et d’embryologie à Lausanne, une méthode qui permet aux femmes stériles d’avoir des enfants dotés de leur patrimoine génétique. Cette technique se rapproche du clonage. Elle consiste à isoler une cellule d’une femme stérile et à l’insérer dans l’ovocyte vide d’une femme fertile. L’œuf ainsi fabriqué contient le patrimoine génétique de la femme qui souhaite un enfant, mais pas celui de la donneuse. Stimulé de façon électrique, le noyau se divise ensuite en deux parties. Mais si les chercheurs parviennent à fertiliser une de ces deux parties avec le sperme du père avec succès, ils butent encore sur le développement de l’œuf fécondé : d’après le New Scientist, la division cellulaire s’arrête en effet très vite, bien avant la constitution d’un embryon.
La santé de l’enfant n’est pas garantie
Cet obstacle ne semble pas freiner l’enthousiasme des chercheurs. "Tout comme la technique de transfert cytoplasmique développée par le docteur Cohen, cette méthode paraît assez simple, souligne Philippe Granet, médecin biologiste spécialiste de la reproduction à l’Institut mutualiste Monsouris, à Paris. Et comme elle, elle pose des questions sur le pronostic de la qualité de l’enfant à naître. Car on ignore encore quelles sont les conséquences d’un tel échange de matériel cellulaire sur le développement de l’enfant à naître." Parallèlement à ces questions sur la santé de l’enfant, on peut aussi s’interroger sur l’utilisation de ces techniques auprès de femmes âgées. Heureusement, si quelques – rares – médecins sont prêts à appliquer ce type de méthode sur des femmes de plus de 60 ans, la plupart des spécialistes de la reproduction gardent la tête froide. "En France, la loi précise que ces techniques ne peuvent être proposées qu’à des femmes en âge de procréer, rappelle Philippe Granet. Mais il est vrai que ce genre de découverte soulève de nombreuses questions éthiques lors du passage de la science à la médecine. Nous autres médecins sommes là pour tenter de guérir ou prévenir le malheur. Pas pour transcender la condition humaine."