Unilever, la multinationale des lessives Skip ou Omo, a lancé en juin son site Unispark pour recueillir les idées innovantes des internautes.
"Bienvenue à Unispark - Le lieu qui accueille toutes les idées et les opportunités d’investissement dans le domaine du nettoyage et du soin du vêtement et des textiles." Le site Unispark, lancé en juin par le département "Soin du linge" d’Unilever Europe, fait appel aux internautes en anglais, en français et en allemand. Sa cible : les Géotrouvetout du Net, mais aussi les 200 000 employés de la multinationale, et surtout les petits entrepreneurs malins, fabricants de textile, sociétés de service de blanchisserie à domicile, etc.
L’entreprise est conçue comme une nasse à brevets : "Nous avons lancé Unispark pour générer des idées pour Unilever, explique Marie-Cécile Lebard, directrice des relations extérieures d’Unilever France. Cela signifie que si l’apporteur d’idées est un industriel, nous allons établir une alliance, un partenariat pour développer la technologie, ou racheter le brevet. Si c’est un étudiant en biotechnologies qui n’a pas les moyens d’industrialiser son projet, on déposera le brevet au nom d’Unilever. C’est dans l’intérêt des deux parties."
Pré-mâché
De ce site, Unilever a tout à gagner. Son budget est d’un million de francs, à mettre en balance avec les six milliards de francs investis annuellement en recherche-développement. Les idées vont sans doute affluer sur le Web, car les inventeurs sont déjà nombreux à envoyer leurs suggestions innovantes offline, par le canal du département "achats" (en contact avec les fournisseurs), de la recherche-développement (liée aux universités), voire du service consommateurs. Sur Internet, ils devront formaliser leur démarche, en remplissant un questionnaire. Du travail pré-mâché pour Unilever... Les dossiers seront traités "industriellement" par l’équipe de cinq personnes d’Unispark. Et ces derniers sont conseillés par... des capital-risqueurs : Vesta Group, qui a participé au lancement du site et qui contribuera à l’accompagnement des projets sélectionnés, n’est autre qu’une filiale de Sun Technologies. Qu’est-ce qui pousse le constructeur informatique américain à mettre son nez dans les affaires d’un lessivier ? "Il n’y aura pas seulement des propositions relatives au lavage, au repassage, à l’assouplissage du textile, justifie Marie-Cécile Lebard. Il peut y avoir un projet de site de diagnostic de l’état de vos vêtements. C’est Internet : ce n’est pas industriel, il n’y a pas d’immobilisations."
Capital-risque sans risque
De son côté, Unilever se frotte les mains à l’idée de pouvoir se débarrasser des projets trop ambitieux, qui transformeraient la cueillette aux brevets en aventure entrepreneuriale. "Notre volonté n’est pas de faire du capital-risque, parce que dans ce terme il y a la notion de risque. Nous ferons des investissements limités, avec les critères d’Unilever." Traduction : la multinationale apporte des compétences juridiques, marketing, productives, éventuellement un chouia financier, mais dès que le projet coûte cher, c’est Vesta qui prend le relais en pur capital-risqueur. "De toute façon, les innovations qui nous paraissent importantes sont déjà traitées par notre service de recherche & développement. Avec Unispark, nous ne nous occuperons que des petites propositions, qui sortent des sentiers battus." Tant qu’on peut se mettre un brevet de plus dans la poche sans trop d’efforts, pourquoi se priver ?