L’équipementier français de télécommunications se débarrasse de la quasi-totalité de ses usines.
Lendemains difficiles après la tentative de fusion ratée Lucent-Alcatel : le groupe de télécoms français vient d’annoncer un programme de réduction de coûts qui passe par la vente de la quasi-totalité des 120 usines du groupe à travers le monde. Fin 2002, il restera au maximum 12 usines, dans des secteurs de pointe tels que les réseaux sous-marins, l’optique high-tech. Les autres auront été vendues à des sous-traitants. Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel, a expliqué que son groupe serait ainsi "plus souple et réactif". "Nous allons devenir une entreprise fab-less (sans usine) d’ici peu", s’est vanté le dirigeant réputé pour sa poigne de fer, et ses méthodes de management à l’américaine. Il n’a pas précisé le nombre d’emplois qui allaient être supprimés sur l’effectif total de 110 000 personnes. Des négociations sont toutefois en cours.
Fais ton business
Serge Tchuruk a confié au Wall Street Journal : "Aujourd’hui, l’objectif c’est occupe-toi de ton business et fais-le croître." En pratique, cela se traduit par un recentrage sur la R&D et le marketing. Puisque le rachat des Bell Labs de Lucent a échoué, Alcatel se déleste d’une centaine d’usines et réoriente ses budgets. C’est en vogue parmi les équipementiers de télécoms. Ericsson et Philips ont déjà annoncé qu’ils cessaient la production de téléphones portables. Alcatel avait déjà commencé à se retirer de ce marché, mais n’a toujours pas révélé si la production de combinés sera complètement abandonnée. Ces mouvements stratégiques ne sont pas seulement d’audacieuses tentatives d’instaurer "l’entreprise virtuelle". Ils sont précipités par la catastrophe financière qui s’est abattue sur les acteurs des télécoms depuis le début de l’année : faillite du WAP, aventure industrielle de l’UMTS, endettement, rachat de start-ups calamiteuses, et finalement discrédit boursier. Dans ce pétrin, une poignée d’acteurs parvient à s’en tirer : Nokia, les Japonais Matsushita ou NEC favorisés par le succès du i-Mode, l’américain Motorola... Pour les autres, c’est "occupe-toi de ton business".