Présenté hier en Conseil des ministres, le nouveau texte de loi sur la bioéthique interdit le clonage thérapeutique.
Le clonage thérapeutique est un sujet qui fâche. Il divise les gens en général, les politiques et les scientifiques en particulier. Alors, Lionel Jospin a finalement renoncé. Après rectification, le nouveau projet de loi sur la bioéthique, présenté mercredi 20 juin, en Conseil des ministres, interdit formellement le clonage thérapeutique. Jacques Chirac s’est déclaré satisfait et Bernard Kouchner a râlé. Chez les scientifiques, mêmes réactions : certains rient tandis que d’autres pleurent.
Embryons jetables
Le Premier ministre s’était pourtant déclaré
favorable au clonage thérapeutique en novembre dernier . Il avait alors
laissé entendre, à mots couverts, que les chercheurs pourraient
produire des cellules d’embryons à partir de cellules prélevés
chez des patients. Or, si une telle méthode semble prometteuse pour de
multiples applications thérapeutiques, comme la compatibilité des
greffes des tissus ainsi obtenus par exemple, elle soulève aussi de nombreuses
questions éthiques. Les opposants au clonage thérapeutique mettent
notamment en avant les problèmes moraux que pose la création d’embryons
qui doivent être éliminés au bout de quelques jours. En Angleterre,
où
cette pratique est autorisée, la durée de vie des embryons issus
du clonage thérapeutique est limitée à 14 jours . Ceux qui
contestent le clonage à des fins de soin affirment aussi que ce pas est
une première étape vers le clonage reproductif, un projet que certains
médecins et les
raëliens comptent bien mener à bien. L’argument incite donc
bon nombre de scientifiques et de politiques à privilégier d’autres
voies de recherche. Ainsi, en février dernier, lors du forum Biovision
qui se tenait à Lyon, Jacques Chirac avait déclaré "
il est indispensable de lancer et de financer des programmes de recherche portant
sur les cellules souches adultes. Bien qu’à leurs débuts, ces recherches
permettent d’espérer qu’il sera demain possible d’éviter le recours
à des cellules embryonnaires ".
Kouchner en colère
Si on peut douter de l’influence du discours du président de la République sur la décision du gouvernement, on peut supposer que Lionel Jospin a tenu compte de l’avis du Conseil d’Etat qui a fait connaître, le 15 juin dernier, son opposition au clonage thérapeutique. En révisant ainsi son projet de loi sur la bioéthique, le Premier ministre calme le jeu. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé, qui espère que " nous n’attendrons pas que tous les pays autour de nous puissent déployer des recherches qui nous sont ici interdites " compte sur l’examen parlementaire de cette loi pour relancer le débat.
Le communiqué sur le site du Premier ministre
http://www.premier-ministre.gouv.fr...