En cours de dépôt de bilan, l’agence Web à qui France Telecom avait volé son nom attaque l’opérateur une deuxième fois, pour une nouvelle campagne de "bienvenue dans la vie.com"
"On est comme Don Quichotte" : Dominique Amphonesinh a l’impression de se battre contre des moulins. Il y a quelques mois, l’homme, PDG de l’agence Web La Vie.com s’était décidé à porter plainte contre France Telecom. Dans sa ligne de mire : le slogan du géant des télécoms affiché en quatre par trois dans toute la France : "Bienvenue dans la vie.com". Le 7 février 2001 , la décision du tribunal de grande instance de Paris tombait 2001(voir article de transfert) : France Telecom avait six mois pour retirer son slogan contrefaisant le nom de la petite agence. Or il y a quelques semaines, l’opérateur téléphonique a fait diffuser des spots publicitaires tous neufs... ponctués de " bienvenue dans la vie.com ". L’agence Web a décidé d’attaquer une nouvelle fois et donne rendez-vous à la partie adverse à la fin du mois.
Jugement détourné
"France Telecom essaie de faire passer dans l’esprit des gens que le tribunal lui a donné une autorisation de six mois", s’insurge Jean Aittouares, avocat de La Vie.com. Il demande de nouveau 25 millions de francs de dommages et intérêts (le jugement précédent avait accordé 300 000 francs). "Mais nous souhaitons réfuter l’argument de France Telecom qui nous reproche de vouloir faire de l’argent avec cette affaire", se défend l’avocat. Qui demande à l’opérateur de lui communiquer son plan média pour être en mesure d’exiger la publication de rectificatifs sur tous les supports qui ont accueilli leur contrefaçon.
"On ne gagnera pas"
Dominique Amphonesinh ne se fait guère d’illusions. D’autant que la décision prise par le tribunal de Paris fait l’objet d’un appel. "On ne gagnera pas d’argent. Ils feront traîner l’affaire sur trois ans, si ce n’est pas dix", avance-t-il d’une voix lasse. D’autant que la Vie.com est en train de déposer son bilan. "Désormais, mon entreprise est montrée du doigt, plusieurs de mes clients ont annulé leurs commandes au dernier moment parce qu’ils sont partenaires de France Telecom", poursuit le pédégé. Ex-monopole, l’ancien service public est un interlocuteur quasi-obligé de toute entreprise. La direction de France Telecom, en toute logique, contredit cette analyse. "Le tribunal nous a donné le droit d’utiliser le nom jusqu’au 22 septembre2001", affirme sans fard un chargé de communication. "Nous avons des experts juridiques, nous sommes dans notre bon droit", conclut-il avec cynisme. Dominique Amphonesinh affirme qu’il savait à quoi s’attendre dès le départ. "On est les petits qui vont mordre la poussière mais je veux crier que c’est injuste". Audience le 27 juin.