Certains cherchent à réguler l’Internet en s’attaquant aux fournisseurs d’accès. Un peu comme si on voulait condamner La Poste pour avoir délivré du courrier au contenu répréhensible...
Article lié : J’accuse... les fournisseurs d’accés...
Dans un "Petit historique des procès antifachos", Arno*, du minirézo, rappelle comment, en 1996, l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) décida de saisir la justice au motif que l’Internet permettait d’accéder à des sites négationnistes. Son avocat ouvrit alors un "Que sais-je" consacré au réseau des réseaux, et porta plainte contre tous les fournisseurs d’accès français qui y étaient recensés... Quelques mois plus tard, l’association était déboutée. Anecdote mise à part, la mise en cause des opérateurs techniques n’a eu de cesse, depuis lors, d’être invoquée par les partisans de la régulation de l’Internet.
J’accuse... ! compte dans son bureau, outre Marc Knobel, Stéphane Lilti, avocat de l’UEJF, et Philippe Breton, sociologue au CNRS, tous deux connus pour leurs prises de position faisant force référence aux "pédo-nazis". Des positions dénoncées comme populistes, sinon dangereuses, par les défenseurs de la liberté d’expression. La mise en cause des opérateurs techniques a déjà conduit à la fermeture d’altern.org, entre autres. Si le combat de J’accuse... ! semble légitime, ses méthodes, tout comme l’emphase avec laquelle l’association le mène (de la référence, quelque peu abusive, à Zola, à la photographie d’Auschwitz qui illustre la page d’accueil de son site), pourraient à terme se retourner contre elle.
L’association IRIS, à propos du procès intenté à Yahoo !, notait ainsi qu’"on retiendra de cette affaire l’acharnement borné de la LICRA et de l’UEJF qui, depuis 1996, n’ont de cesse que d’infantiliser et d’humilier les citoyens, dans le but de les mettre sous tutelle, en instrumentalisant une presse avide de sensationnel, en exerçant une pression toujours plus forte sur les politiques comme sur les intermédiaires techniques, et en jouant sur l’émotion suscitée dans la population". Selon Jean-Christophe Le Toquin, délégué général de l’AFA, "pour empêcher l’accès à un seul site, il faut surveiller tous les internautes".
Toutefois, avec le spectre d’une société de surveillance chaque jour un peu plus présent, il est probable que les internautes rejetteront ce genre de "régulation". Au pire, cela ne fera que les inciter à apprendre les méthodes permettant de contourner les barrières artificielles qui seront érigées sur le Net. Et ce, même si, comme l’ont récemment annoncé la France et l’Allemagne, le projet de Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe se dote d’un "protocole additionnel" visant à lutter contre le racisme sur le Net. Comme dit le proverbe : quand le sage montre la Lune, les sots regardent le doigt. Ce n’est pas en incriminant les intermédiaires techniques français que l’on empêchera les racistes américains de tous poils de s’exprimer.