L’industrie américaine du disque veut que les radios musicales du Net paient une licence plus chère que la licence radio classique.
Et de trois ! MusicMatch, MTVi Group et Xact Radio font depuis vendredi l’objet d’un procès intenté par la Recording Industry Association of America. En mai, l’association toute puissante, qui représente les majors, avait déjà traîné en justice LaunchCast, la radio personnalisée en ligne de Launch Media. L’entreprise attaquée avait reçu un coup de main de la Digital Media Association (DiMA), un regroupement de professionnels de la webradio dont trois membres encourent désormais eux aussi les foudres de la RIAA. L’objet du délit ? Selon la RIAA, les webradios présentent un degré d’interactivité tel qu’elles devraient payer une licence spéciale, comme l’a exigé le législateur en votant en 1998 le Digital Millenium Copyright Act. Seul hic : cette loi explique effectivement qu’il y aura une licence spéciale, mais ne précise pas de quelle manière. Notamment, il n’est pas fait mention de tarifs plus élevés. Bref, il faudrait, sinon un texte d’application, au moins une discussion entre les acteurs de cette branche de l’industrie pour fixer les nouvelles règles.
Incorrigible
Mais la RIAA a pris de très mauvaises habitudes ces dernières années. Avant de parler, elle entame un procès. On négociera après. Ce fut le cas avec Napster, qui avait pourtant des prédispositions au business, comme avec MP3.com, une start-up tout ce qu’il y a de plus conciliant. Et ça continue. Ce sale boulot ne mine pas seulement l’image des grandes maisons de disques. Il les détourne d’objectifs autrement plus importants pour elles, telles que l’élaboration d’une norme commune de fichier musical protégé - confère l’échec du SDMI, désormais publiquement reconnu. Mauvaise tactique. Dans une étude récente, le cabinet de conseil spécialisé Webnoize note que la seule façon de reconquérir un marché des jeunes en plein déclin, pour l’industrie musicale, serait d’être plus présente en ligne. En effet, 38 % des étudiants américains déclarent acheter leurs CD sur le Web en priorité, notamment chez Amazon et autres purs acteurs Internet. Inquiétant pour les chaînes de détaillants. On a vu, avec l’épisode Napster, combien le téléchargement de fichiers intéresse les jeunes. Bien équipés, 40 % de ces étudiants possèdent un lecteur de musique numérisée, probablement très utile lorsque l’on sait que 65 % écoutent les radios Internet "occasionnellement", et 21 % comme "première source" musicale. Alors, pourquoi les maisons de disques ne font-elles rien de vraiment intéressant en ligne ?