Sur Mouviz, les cinéastes en herbe montrent ce dont ils sont capables. À budget égal, on navigue entre le dérisoire et le remarquable. On ne parlera ici que des remarqués.
Aaah, les beautés de la technologie qui se démocratise... Une caméra DV, un logiciel de montage, deux ou trois copains : vous voilà devenus des hérauts du septième art, prêts à rivaliser avec Truffaut, Besson ou, plus souvent, avec le réalisateur de l’inspecteur Derrick. C’est cette fraîcheur, un peu naïve sans doute, qui fait le charme d’un site comme Mouviz, lancé en juillet 2000 par deux Nantais passionnés de cinéma. Le site réunit aujourd’hui près de 80 petits films réalisés par des amateurs, des semi-pros ou des étudiants en cinéma : "On essaye de démontrer qu’avec de bonnes idées et peu de moyens, on peut rivaliser avec les productions professionnelles", explique Jérôme Poulain, fondateur de Mouviz. Et l’on est tout prêt à le croire, après avoir visionné quelques-unes des œuvres présentées, qui changent des habituelles parodies potaches (la douze millième resucée de Scream...).
Convaincant
The Bun’s Game, par exemple, de Frédéric Michaud (catégorie science-fiction) montre un sens du montage et des effets spéciaux 3D remarquables (le film aurait pris une journée de tournage... et deux années de post-production !). La trame est un peu faiblarde (un jeu vidéo de plate-forme dans la "vraie vie"), mais le produit fini est vraiment convaincant. Idem pour les autres productions de Michaud comme le bêta Pop Corn et Suppositoire (catégorie Comédie et humour).
On retiendra aussi Le Sablier de Philippe Miramon (drame), un beau conte fantastique en noir et blanc de 30 minutes, qui a coûté à peine 100 000 francs. Dommage qu’il ne soit réservé qu’aux cinéphiles dotés du haut débit. À voir encore, Le Vieux Singe de Bertrand Drosne (thriller), un polar taiseux plutôt bien fait, qui rappelle les ambiances melvilliennes. Son Cercle des Ombres (science-fiction) est, en revanche, moins convaincant.
Signalons aussi le déroutant Tandem : faux raccords de Colas Ricard et Martin Gracineau (expérimental), à réserver aux amateurs d’œuvres "exigeantes", comme on dit. L’animation, enfin, n’a pas été oubliée, encore que le site en compte peu de qualité : seul Abraxas et ses extraterrestres chanteurs, de Romain Grandjean, retient l’intérêt. Le reste des productions reste à butiner, avec le risque de tomber sur des films médiocres... ou des perles oubliées.