Vivendi Universal achète Mp3.com, le pionnier du téléchargement en ligne de musique, pour 2,77 milliards de francs.
Après les canalisations d’eau, Vivendi mise sans discontinuer sur les tubes : en deux mois, le groupe français reconverti dans la communication procède à sa deuxième acquisition majeure dans le secteur du téléchargement de fichiers musicaux MP3. Jean-Marie Messier a annoncé dimanche le rachat, pour 372 millions de dollars (2,77 milliards de francs), de Mp3.com, une société créée à San Diego (Californie) en 1996, et devenue le portail de référence pour les téléchargements de musique.
Panoplie idéale
Dans un premier temps, Vivendi avait annoncé le lancement, cet été, de Duet, une plate-forme musicale commune avec Sony et Yahoo !, dont on a appris la semaine dernière qu’elle devrait inclure des techniques de partage de fichiers (peer-to-peer). Puis il avait mis la main sur Emusic, un portail qui distribue la musique de plusieurs labels indépendants au format numérique, et dispose donc d’un important catalogue numérisé. L’acquisition de Mp3.com est un pas de plus dans cette stratégie hardie, mais avisée. Avec Yahoo ! (capacités en termes d’indexation, de recherche, et apporteur de trafic), Emusic (catalogue d’indépendants) et Mp3.com (technologies de téléchargement, marketing du MP3), l’heureux acheteur dispose de la panoplie du parfait petit marchand de musique en ligne, de quoi rivaliser avec les trois majors alliées dans la plate-forme MusicNet.
Future proie
Vivendi Universal possédait déjà 5 % du capital de Mp3.com, ce qui ne l’a pas empêché de participer aux poursuites judiciaires intentées contre ce dernier par les cinq grands de l’industrie du disque. En novembre dernier, Mp3.com a même versé 53 millions de dollars de dédommagements (395 millions de francs) à Vivendi. Qui a généreusement divisé par deux la note - 117 millions de dollars, initialement - , afin d’épargner une faillite à sa future proie...
De toute façon, Vivendi n’a pas été le seul à se servir chez Mp3.com, qui a dépensé 170 millions de dollars (1,26 milliards de francs), l’année dernière, en frais de procédure et en dédommagements pour la violation du copyright des grandes firmes du disque. Cela explique en partie l’énormité de ses pertes pour l’année fiscale 2000 : 279,5 millions de dollars (2 milliards de francs), pour 80 millions de dollars de ventes (596 millions de francs).
Réputation sulfureuse
Ces pertes n’ont pas effrayé le financier Messier. D’une part, Mp3.com dispose d’une audience phénoménale de 845 000 visiteurs quotidiens, qui n’est pas en perte de vitesse contrairement à celle de Napster, grevée par le filtrage qui lui est imposé pour la protection du copyright. D’autre part, le site de distribution de musique a annoncé qu’il serait rentable à la fin de l’année 2001. Au cours du premier trimestre, les revenus nets ont augmenté de 24 % : 21,8 millions de dollars, contre 17,5 millions de dollars un an plus tôt.
Les rentrées d’argent du site sont diversifiées, même si la publicité reste la première source de revenus. Contrairement à ce que laisse penser une réputation sulfureuse, entretenue par Mp3.com afin de capter le marché des adolescents, le site ne distribue pas que du MP3. Il commercialise également des disques (pour un disque normal, on a également droit à la copie MP3 de ces titres), et propose des morceaux en streaming. Enfin, pour ce qui concerne son business MP3, le site a toujours tenté de rester dans la limite de la légalité : possibilité de numériser des disques que l’on possède déjà et de les stocker sur le serveur de Mp3.com, téléchargement de hits dont les royalties ont été payées à qui de droit, syndication de programmes radio...
En s’appropriant Mp3.com, Jean-Marie Messier va sans doute tenter de démontrer qu’il y a une économie du téléchargement de musique en dehors de Napster et du peer-to-peer. La recette de Mp3.com, c’est une plate-forme centralisée, des technologies propriétaires mais des formats universels (MP3), une qualité de service et des vitesses de connexion à peu près garanties (contrairement au P2P). Saupoudrez d’un peu de paiement en ligne, contrepartie de l’énorme catalogue d’artistes d’Universal Music. Votre téléchargement est servi. Les internautes n’ont plus qu’à apprécier ou à recracher.
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L’article de Webnoize:
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